Une joie féroce – Résumé
Comment Jeanne Hervineau, 39 ans, qui n’est jamais sortie de ce que la société appelle « le droit chemin », se retrouve-t-elle impliquée dans une attaque à main armée ?
Pour le comprendre, Sorj Chalandon nous entraîne sept mois plus tôt. Ce jour où, dans le cabinet d’un radiologue, Jeanne a compris que sa grosseur au sein portait sans doute doute un autre nom. Celui d’une maladie qui fait peur. Celui qui la ferait entrer subitement dans le camp des malades, des femmes à la vie menacée, des cancéreuses.
Auteur – Sorj Chalandon.
Taille du livre – 320 pages.
Note – ★★★★☆
Une joie féroce – Avis sur le livre
Sa héroïne ? Jeanne Hervineau, 39 ans, en couple depuis longtemps avec Matt, mère d’un enfant. Mort. Foudroyé au bout de quelques années de vie. Ce type de drame soude un couple ou le fait voler en éclats… et il semblerait que celui de Jeanne n’ait pas su se décider. Matt lui voue désormais une sorte d’indifférence polie, se réfugiant dans son travail comme une fuite bienvenue à un quotidien subitement trop pesant.
Jeanne se découvre un jour une grosseur au sein… et en quelques examens, quelques phrases jetées par les médecins sur son corps encore innocent, elle devient une cancéreuse, une malade, une combattante. Elle devient celle que l’on regarde avec pitié, avec émotion, avec admiration, à qui l’on prodigue ses conseils ou que l’on congratule sur sa force. Bref, Jeanne a un cancer du sein.
Mais ce n’est pas là que Sorj Chalandon commence l’histoire. Enfin, pas tout à fait. Il y a d’abord un chapitre, un petit chapitre de rien du tout… où l’on découvre Jeanne, l’innocente Jeanne, au cœur d’une attaque à main armée.
Pour comprendre ce qui l’a amenée jusque là, il faudra remonter le fil, ce que le roman fait patiemment en déroulant les sept derniers mois ayant rythmé sa vie, à partir de son diagnostic.
« Je n’ai pas pris le métro. J’ai marché. Ce matin, j’étais une fille rieuse de 39 ans. Cet après-midi, une femme gravement malade. Six heures pour passer de l’insouciance à la terreur. Je n’arrivais pas à regarder les autres. J’avais peur qu’ils comprennent que je n’étais plus des leurs ».
Sorj Chalandon nous livre des personnages à émotions fortes. Pas un seul n’a réussi à me laisser indifférente. Matt, d’abord, le compagnon de Jeanne, que j’ai haï pour son manque de compassion. Lui qui qualifie la chute des cheveux de Jeanne comme un événement « assez dégueulasse ».
On peut lui trouver des circonstances atténuantes, pourtant ; le cancer, il connaît, puisqu’il lui a déjà volé quelques proches ; la mort, il sait la craindre puisqu’elle lui a enlevé son fils. Mais Matt m’a répugnée.
Et puis, il y a les « drôles de dames » que Jeanne rencontre via ses séances de chimiothérapie et dont l’histoire défile de chapitre en chapitre : Brigitte, la bienveillante Brigitte, lumineuse malgré le cancer qui la ronge, cherchant à porter l’optimisme autour d’elle comme un flambeau dans la nuit noire ; Assia, la fougueuse, qui protège ceux qu’elle aime avec l’ardeur d’une lionne ; Melody, la petite Melody, gamine paumée mais touchante…
Toutes ont connu un parcours compliqué et c’est peut-être le besoin de panser des blessures en commun qui tisse un lien si fort entre elles.
Mais… pourquoi une attaque à main armée ? Est-ce « une vraie connerie » comme le proclament des titres de chapitres ? Est-ce un moyen – plus violent que d’autres – de se rappeler qu’on est vivante ? Une mue salutaire pour survivre au cancer, pour dire adieu à la femme que l’on était avant ?
Je vous laisse le découvrir dans ce roman, écrit à un moment très particulier de la vie de son auteur : la femme de Sorj Chalandon a en effet été diagnostiquée d’un cancer en 2018. 11 jours plus tard, il apprenait être lui-même atteint d’un cancer (dont il est en rémission à l’heure où j’écris).
Les émotions sont fortes, certaines scènes bouleversantes et, en dépit de la tristesse de certains développements, je suis ressortie de cette lecture avec un sentiment très positif.
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