Une mère juive ne meurt jamais, Patrice Abbou : un roman intense


Une mère juive ne meurt jamais – Résumé

La mère d’Adam Molina n’est plus… et en cette période difficile, il rejoint sa famille afin de puiser un peu de réconfort auprès d’eux à l’occasion de l’enterrement.

C’est sans compter sur l’attachement de son père aux traditions juives : le deuil impose un huis clos de 7 jours, pendant lequel il est formellement interdit de se laver, se raser, cuisiner ou s’occuper de quoi que ce soit dans le foyer.

Capturé contre son gré dans cet enfermement qui se veut cathartique, Adam se retrouve au cœur d’un maelstrom émotionnel dont sa mère disparue est loin d’être la seule partie prenante !


Auteur.
Taille du livre320 pages.
Note – ★★★★☆

Une mère juive ne meurt jamais, Patrice Abbou

Une mère juive ne meurt jamais – Avis sur le livre

Une mère juive ne meurt jamais de Patrice Abbou, publié chez Plon, est un roman pétillant est grave à la fois.

Grave, parce qu’il a pour toile de fond l’une des épreuves les plus difficiles qui soient : la perte d’un parent. Qu’elle soit juive ou non n’est finalement qu’un détail face à l’inéluctable sentence : Ima est décédée. Ses enfants ne profiteront plus de son écoute bienveillante et franche à la fois, de ses petites habitudes qu’ils connaissent par cœur sans pourtant s’y être attardés.

Soudain, l’absence est là, pesante, étouffante, retirant au monde toutes ses couleurs comme le ressent Adam Molina, l’un de ses fils.

« Ce lundi matin, le TGV Paris-Lyon s’extrait d’un tunnel à deux cent cinquante kilomètres à l’heure. Nous ne sommes pas en période de fêtes mais le wagon déborde d’enfants qui braillent à la vie. Moi, j’ai envie de hurler à la mort.

Je suis jaloux de leur joie, de leur insouciance, de l’innocence que je viens de perdre ».

Pourtant, derrière la gravité point une lueur d’humour. Pas l’humour qui fait rire à gorge déployée – n’exagérons rien, une femme est morte ! – mais la légèreté qui se fraie un chemin dans les situations les plus tristes de la vie. Entre les mains d’Adam Molina, elle prend une tournure caustique, délicieusement ironique et touchante à la fois.

Il faut dire qu’Adam n’est pas l’archétype du « fils parfait ». Il est toujours en retard, exerce le métier peu commun de comédien, a « commis un tatouage » que les Juifs pratiquants prohibent et, ô suprême sacrilège, entretient une relation avec une catholique ! Voilà qui, dans une famille à cheval sur les traditions, a de quoi susciter quelques frictions !

Et justement, il se retrouve contre son gré « kidnappé » par son père – surnommé « le Roi David » – sa sœur Lucie et son frère Henri. Sa sœur Susanne, elle, a eu la bonne idée d’effectuer une retraite spirituelle en Inde, loin du drame. A grand renfort de culpabilisation familiale, on lui rappelle qu’il existe un rituel incontournable chez les Juifs : la Shiva.

7 jours de deuil pendant lesquels il est interdit de rire, de se laver, de s’octroyer un peu de confort, de cuisiner ou de prendre soin de son foyer. 7 jours pendant lesquels on se consacre à la prière, au souvenir du défunt tandis que les proches défilent pour présenter leurs condoléances.

Mais surtout, 7 jours de huis clos, dans l’appartement familial. Se retrouver en famille à l’âge adulte, quand on a pris des chemins différents, n’est jamais chose facile. C’est un terreau propice aux règlements de compte, aux vieilles histoires ressurgies de nulle part, aux secrets dévoilés…

Adam a le sien : sa relation avec Christelle, « la Catholique » qu’il n’a pas encore osé présenter à son père. Mais il n’est pas le seul à dissimuler quelques vérités explosives.

Et si l’on est prompt à se remémorer des épisodes gênants du passé, ce temps en famille est aussi le meilleur signe que l’on s’aime : on a vécu des choses ensemble, souffert ensemble, ri ensemble, on possède même dans l’adversité une complicité inénarrable.

En tant que lecteur, force est de reconnaître que l’on se glisse avec un voyeurisme bienveillant entre les pages du roman Une mère juive ne meurt jamais. Cette famille, on ne la connaît pas… et pourtant, on se prend à être curieux, à guetter les éclats de voix, les souvenirs d’enfance qui se fraient un chemin dans le quotidien.

Dans ce décor qui pourrait paraître étriqué, les émotions semblent magnifiées : on ressent les odeurs, les couleurs, les sentiments comme si l’on avait pris une chaise (basse et inconfortable au possible, c’est la règle!) et que l’on observait la scène, assis dans le coin de la pièce.

Et bien sûr, on plonge avec délices dans les traditions d’une famille juive : l’importance de la famille, le vêtement que l’on déchire au niveau du cœur, symbole tangible de la blessure intime ressentie, la salutaire « trêve de Shabbat »…

Je suis ressortie de ce roman avec un profond sentiment de paix et de vérité. Car cette famille, avec ses moments où elle hausse le ton, exprime beaucoup d’amour. Le deuil est ce sentiment qui en abrite mille autres : l’abandon, la colère, la sidération, la nostalgie, le manque et l’affection.

Patrice Abbou nous dit tout ça à la fois. Les émotions se mêlent, brouillonnes et puissantes. Et derrière elle, l’impression de toucher du doigt ce qui fait le sel d’une famille qui s’aime fort !


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