Batman & Robin, Joel Schumacher : un film qui m’a laissée de glace


Batman & Robin – Résumé

Alors que des tensions éclatent entre Batman et Robin et que le fidèle Alfred voit sa vie mise en jeu, Gotham City a plus que jamais besoin de ses deux justiciers car deux nouvelles menaces émergent en ville.

La première s’appelle Mr Freeze, une créature capable de plonger êtres humains et objets dans la glace. Il est prêt à tout pour obtenir les diamants nécessaires à sa survie… et pour trouver le remède qui guérira sa femme, cryogénisée dans l’attente d’un hypothétique traitement qui la sauvera de la maladie dont elle souffre.

La seconde s’appelle Poison Ivy, biologiste dérangée qui veut éradiquer le genre humain pour redonner aux plantes la place qu’elles méritent.

Batman et Robin vont une fois de plus devoir déployer force, innovations technologiques et trésors d’ingéniosité pour sauver Gotham du triste sort qui la guette.


RéalisateurJoel Schumacher.
Durée du film minutes.
Note – ★☆☆☆☆

Batman & Robin, Joel Schumacher

Batman & Robin – Critique

Le film Batman & Robin s’ouvre sous les mêmes auspices que son prédécesseur, Batman Forever… par des gros plans sur les costumes qui dessinent les muscles, moulent les fesses et soulignent la virilité des héros. 

Joel Schumacher reprend les rênes et, comme avec le film précédent, se verra reprocher d’avoir laissé sa propre homosexualité influencer sa représentation du personnage de Batman. Une polémique un peu surprenante à mes yeux car la Batgirl, que vous découvrirez pour la première fois dans ce film, fait l’objet du même traitement : costume qui moule les fesses et seins en relief. Pas de jaloux !

George Clooney, qui interprète le justicier, confiera à ce sujet à la journaliste Barbara Walters en 2006 : « J’étais dans un costume en latex et j’avais des tétons en latex. J’aurais pu jouer un Batman hétérosexuel, mais je l’ai rendu homo ». La journaliste lui demande si Batman est ou non homosexuel, et Clooney répond très clairement : « Non, mais je l’ai quand même joué homo ».

Vous l’aurez noté… on change à nouveau d’acteur pour ce nouvel opus, Val Kilmer étant mi-poussé dehors, mi-démissionnaire dans l’affaire. Les uns évoquent des histoires d’emploi du temps, d’autres une collaboration difficile entre lui et le réalisateur.

Toujours est-il qu’il cède la place à George Clooney, 36 ans, alors très populaire pour son interprétation du Dr Ross dans la série Urgences. Un choix motivé par la quête d’une interprétation plus « légère » du personnage de Bruce Wayne, celles de Michael Keaton (dans Batman et Batman : Le Défi) et de Val Kilmer (dans Batman Forever) étant jugées trop noires.

A titre personnel, j’ai du mal avec ce casting, je n’arrive pas à oublier que George Clooney est George Clooney.

George Clooney dans le costume de Batman

Et surtout, j’ai grincé des dents en découvrant l’entrée en scène du personnage. « Salut Freeze, moi c’est Batman », annonce-t-il en déboulant du plafond dans un nuage de verre brisé. Une approche décontractée, qui traduit tout ce que Joel Schumacher a voulu faire avec Batman & Robin pour « détendre l’atmosphère ».

Querelles amicales entre Batman et Robin, taquineries envers Alfred, petits jeux de mots bon enfant, partie de hockey sur glace jouée avec un diamant, des méchants qui semblent tellement « surnaturels » qu’ils ont l’air plus ridicules qu’effrayants… 

Après le Joker, le Pingouin, Double-Face et l’Homme-Mystère, Batman est aux prises avec un ennemi d’un nouveau genre : Mr Freeze (Arnold Schwarzenegger), qui a la faculté de transformer ce qui l’entoure en blocs de glace. La Reine des Neiges avant l’heure, qui peut plonger les gens comme les choses dans un hiver éternel.

Mister Freeze armé dans Batman et Robin

On l’apprend vite, Mr Freeze conserve son pouvoir grâce aux diamants qu’il dérobe. Destruction et mort sont ses maîtres-mots… et c’est à peu près tout. « Freeze, tu es cinglé » commente d’ailleurs Batman alors qu’il se trouve en fâcheuse posture. Une réplique d’une… cinglante intelligence pour un génie comme Bruce Wayne. Hum.

Mr Freeze est « juste méchant » pendant la quasi-totalité du film… et c’est peut-être un peu son problème. Il a bien entendu une histoire : athlète de haut niveau, sa femme est tombée gravement malade et il a envisagé de la plonger dans un sommeil cryogénique, espérant la tirer du froid glacial le jour où un remède serait découvert. Hélas, il est lui-même tombé dans la cuve… et son corps a muté, l’obligeant à rechercher le froid en permanence.

Cependant, la créature qu’il est devenu a, je trouve, des émotions qui sonnent faux. Il n’a pas la même continuité – quelque part touchante – que le Pingouin, rejeté par sa famille parce qu’il était difforme et qui a « mal tourné » par la suite. Il n’a pas l’intelligence dangereuse d’Edward Nygma, l’Homme-Mystère dont, pourtant, je n’aimais pas l’interprétation. Il n’est pas aussi stratège que le Joker. 

Comme il le dit à Batman, « tes émotions te rendent faible ». Il crée ainsi entre lui et le justicier une différence de taille : l’un est humain, l’autre non.

Mister Freeze (Arnold Schwarzenegger)

L’autre ennemie porte le nom de Poison Ivy (Uma Thurman). A l’origine, c’est une biologiste, Pamela Isley, qui réalise des expérimentations génétiques en croisant des plantes à des animaux, afin de doter les plantes de mécanismes de défense. Son patron, Jason Woodrue, mène lui aussi des expériences sur un puissant venin boosté aux stéroïdes, décuplant la force musculaire.

Quelques péripéties plus tard, que vous découvrirez en regardant le film, Pamela a laissé place à Poison Ivy… et a trouvé un allié de poids en la personne de Bane, l’un des cobayes de Woodrue.

Poison Ivy est guidée par des motivations vaguement écologistes : redonner aux plantes une place dans une société humaine qui ne les respecte plus. Son baiser est mortel et elle peut diffuser des « vapeurs » qui envoûtent ceux qui l’entourent. Robin n’est pas insensible à son charme, d’ailleurs.

Il faut reconnaître que Poison Ivy apporte un léger renouveau visuel car Gotham City, depuis les premiers films, ne s’illustre pas au rang des « villages fleuris » :) Gratte-ciel, rues enfumées et sombres, buildings qui s’étouffent les uns les autres, on est dans l’urbanisation à grande échelle. De ce fait, les scènes impliquant Poison Ivy permettent d’amener un peu de « verdure » ce qui n’est pas déplaisant.

Poison Ivy (Uma Thurman)

On explore aussi davantage l’asile d’Arkham découvert dans le film précédent, une très belle création visuelle…

L'asile d'Arkham à Gotham City

Son intérêt s’efface toutefois devant le magnifique observatoire de Gotham City, où se joue une séquence clé du film Batman & Robin.

L'observatoire de Gotham City

Le problème, c’est qu’on ne croit pas une demi-seconde à tout ça. Et si Batman n’a pas vocation à être « réaliste », je n’apprécie guère qu’il devienne une caricature de lui-même… Que les décors du film soient une surenchère d’effets spéciaux, de costumes hors norme, de séquences apocalyptiques… Que les méchants soient juste étouffés par leur désir de pouvoir, une approche assez creuse.

Et je ne vous parle pas du surf dans l’espace (si si, on en est là). A mes yeux, ça sonne faux et certaines scènes m’ont paru d’une interminable longueur (la scène du musée au début du film, un véritable gloubi-boulga d’action qui semble avoir été conçue « pour qu’il y ait de l’action »).

Bruce Wayne lui-même semble d’un seul coup trop léger, même ses moments de gêne (par exemple quand une journaliste lui demande s’il envisage le mariage avec sa petite amie de longue date, Julie Madison) paraissent surjoués. Il semble être dans la séduction permanente, un changement drastique par rapport à l’approche plus subtile des films précédents.

Et quand sa petite amie – de longue date, dans le scénario – laisse entendre qu’elle n’attendra pas éternellement une demande en mariage, il esquisse juste un petit sourire. A-t-elle si peu d’importance à ses yeux ? Là encore, je trouve que ça sonne faux.

Idem quand il révèle à Robin qu’Alfred est gravement malade. Il affiche une légèreté complètement en décalage avec la situation.

Bruce Wayne (George Clooney) et Alfred (Michael Gough)

Chris O’Connell reprend justement le rôle de Robin, toujours aussi jeune et impétueux. Il rêve de sa propre voiture parce que les filles adoooorent les voitures. Et il essaie de s’affirmer face à Batman, estimant que leur « partenariat » est déséquilibré, que Batman ne lui accorde pas la confiance qu’il mérite.

Je ne suis pas fan du personnage de Robin lui-même, un peu trop limité dans son rôle car il garde trop souvent encore le côté « gamin ayant besoin d’un mentor ».

Chris O'Connell joue Robin

C’est un réel plaisir de retrouver Michael Gough dans le rôle d’Alfred Pennyworth, qu’il incarne pour la dernière fois au cinéma du haut de ses 81 printemps. Une énorme constance dans l’interprétation, un jeu alliant bienveillance, discrétion et élégance. 

Dans Batman & Robin, son personnage se voit accorder un peu plus d’importance qu’à l’accoutumée… car dès les premières scènes du film, Alfred montre des signes de faiblesse même s’il sauve les apparences face à Batman et Robin. On lui découvre par ailleurs une famille, et des émotions autres que son dévouement total au service de Bruce Wayne.

Quand sa nièce Barbara Wilson (Alicia Silverstone) arrive par surprise au manoir de Bruce Wayne, elle devient un rouage essentiel de la petite équipe, dans un contexte où la vie d’Alfred est menacée. Il garde un côté profondément philosophe : « Il n’y a pas de défaite dans la mort, Maître Bruce. La victoire naît des moments où l’on défend ce que l’on sait être juste pendant que l’on est encore en vie ».

En dépit de ces éclats de bon sens, j’ai trouvé le film particulièrement laborieux. Il écope d’ailleurs d’une note abyssale sur IMDb qui le classe parmi les pires films listés sur le site et n’a guère connu un parcours plus brillant à sa sortie : après une première semaine très forte au box-office, liée à l’attente colossale autour de chaque nouveau Batman, les entrées ont dégringolé de 63% dès la deuxième semaine.

Joel Schumacher reprochera par la suite à Warner de lui avoir imposé une forte pression pour faire un Batman plus « familial » que les précédents. C’est peut-être le cas… mais à titre personnel, c’est le film que je trouve le plus décevant de la saga.


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