La cité de Dieu, Fernando Meirelles et Kátia Lund : enfance, violence…


La cité de Dieu – Résumé

Construite dans les années 60, la cité de Dieu est un lotissement de Rio gangrené par la violence, les armes et la délinquance. C’est là que grandit le jeune Buscapé.

Son frère aîné, Marreco, fait partie d’une bande organisée formée avec ses amis Cabeleira et Alicate. Entre drogue et petits délits, ils luttent au quotidien pour échapper à la police et partagent le fruit de leurs larcins avec les autres habitants de la favela, en échange de leur protection et de leur silence.

Jusqu’au jour où un gamin admiratif du trio, Dadinho, leur suggère d’attaquer un motel. Les trois grands approuvent le plan mais ordonnent à Dadinho de faire le guet et de les alerter si la police arrive. Frustré d’être ainsi exclu de l’expédition, Dadinho lance l’alerte trop tôt… et les occupants du motel se font massacrer.

L’épisode aura bien des conséquences sur les habitants de la favela et sur le destin de Buscapé…


RéalisateurFernando Meirelles et Kátia Lund.
Durée du film minutes.
Note – ★★☆☆☆

La cité de Dieu, Fernando Meirelles et Kátia Lund

La cité de Dieu – Critique

La cité de Dieu fait partie des classiques du cinéma et a été nommé plusieurs fois aux Oscars. En dépit de cet engouement, c’est un film que je n’ai pas du tout apprécié. Pourtant, il ne manque pas de style et le réalisateur Fernando Meirelles avait su me convaincre par le passé avec The Constant Gardener.

L’histoire se déroule dans une favela de Rio qui ressemble en tout point à ce que l’on imagine d’une favela de Rio. C’est le règne des armes, de la drogue, des bandes organisées (ou désorganisées), des guerres de territoires et des chefs autoproclamés, des règlements de comptes et de la misère intellectuelle…

Au milieu de cet environnement, grandir est déjà un défi en soi car beaucoup de gamins n’atteignent jamais l’âge adulte, éliminés lors d’un règlement de comptes ou tristes cibles sur le trajet d’une balle perdue. Quant à imaginer quitter la favela un jour ou même avoir un métier ordinaire, cela tient presque du fantasme.

En effet, la Cité de Dieu traîne derrière elle sa lourde réputation et pour la faire oublier, la bonne volonté et l’envie de travailler sont loin d’être suffisantes.

C’est dans ce contexte qu’évolue le héros du film, Buscapé, un jeune garçon qui se découvre une passion pour la photographie. Le rêve de devenir photographe doit se frayer un chemin parmi la violence et parmi tous ces moments où il est impossible de rester neutre tant le bidonville oblige chacun à choisir son camp.

L’intrigue, inspirée d’une histoire vraie, est intéressante car elle fait réfléchir sur la difficulté à s’extraire d’un milieu dans lequel on a été plongé dès son plus jeune âge. Comment envisager d’autres perspectives et comment croire qu’elles sont réalisables quand on n’a pas d’exemple autour de soi ?

La photographie (signée César Charlone) est brillante et en termes de style, difficile de ne pas reconnaître d’immenses qualités au film de Fernando Meirelles et Katia Lund. Des plans sublimes sur les corps, les armes, la sueur et la poussière, des scènes vues à travers l’objectif d’un appareil photo. Tout exprime une forme d’urgence : vivre vite, se faire une place quel qu’en soit le coût, se battre, se venger, fuir. C’est un film où tout exprime l’action et qui bouillonne d’une furieuse énergie.

Les flashbacks sont aussi magnifiques et l’on passe de l’univers sombre et glacé de la favela moderne aux teintes chaudes et vibrantes du passé.

La cité de Dieu - Buscape (Alexandre Rodrigues)

De même, la performance des acteurs est impressionnante quand on sait qu’aucun d’entre eux n’était professionnel à l’exception d’une personne jouant un rôle secondaire (Cenoura, interprété par Matheus Nachtergaele). C’est un choix qui s’est imposé de lui-même à Fernando Meirelles quand il a décidé de tourner son film. À l’époque du tournage, il y avait très peu d’acteurs professionnels noirs au Brésil et il était donc inconcevable de trouver 500 personnes pour passer un casting.

Par ailleurs, le réalisateur ne souhaitait pas faire interpréter ses personnages par des acteurs de classe moyenne. Il cherchait une authenticité et une vérité qu’il estimait ne pouvoir trouver qu’en faisant appel à des amateurs issus de véritables favelas (certains ayant grandi dans la Cité de Dieu elle-même).

Mais alors, pourquoi n’ai-je pas aimé ce film ? D’abord, j’ai eu du mal pendant un moment à m’y retrouver dans la multitude de personnages qui nous sont présentés. Or, il est très important de comprendre les liens qui existent entre eux afin de saisir pleinement la portée de l’histoire.

Ensuite, je me suis très vite lassée d’une boucle sans fin de règlements de comptes et de prises de pouvoir. Car la vie dans la favela n’est qu’une sorte d’éternel recommencement. On devient le maître du territoire au prix d’une débauche de violence, on se fait abattre à son tour par ceux qui se vengent, ils s’arrogent le pouvoir et développent un trafic très similaire à celui qui existait déjà… et ça recommence, sans fin.

Les lieux changent, un visage succède à un autre mais au fond, il reste bien peu de tous ces êtres… et comment éprouver une forme de tendresse et de compassion pour ces gamins qui disparaîtront de l’écran 10 minutes plus tard, tombant sous les balles d’un gangster à peine plus âgé qu’eux ?

À cet égard, le film la Cité de Dieu est un film dur. Je ne regrette pas de l’avoir regardé car ça reste un très beau film sur le plan cinématographique mais il ne m’a pas émue et sans émotion, difficile pour moi de lui attribuer une « bonne note ».

Si vous l’avez vu et que vous l’avez aimé (ou pas), n’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires !


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2 commentaires sur “La cité de Dieu, Fernando Meirelles et Kátia Lund : enfance, violence…
  • David R.

    Salut Marlène, je ne sais pas comment tu procèdes afin de coter les films que tu visionnes, mais j’ai de la misère à comprendre pourquoi tu as donnée 2 étoiles pour un film techniquement près de la perfection, comme tu l’as dis, autant du côté de la direction photo que du côté de la direction d’acteurs et je rajoute avec cela la bande-sonore qui est super bien choisie et le montage, très original.

    Je me dis alors que c’est l’histoire qui a fait tomber le score, mais tu dis avoir trouvée l’intrigue intéressante!? C’est là que je suis un peu confus… Bien que l’histoire soit très importante pour un film, je crois que tu lui accorde un peu trop d’importance. Je crois qu’avec ce que tu as décris du film, celui-ci vaut au minimum entre 3 et 4 étoiles.

    Sur ce, bravo pour ton site! J’ai bien du plaisir à lire tes recaps trèèèès longs de Game Of Thrones :P

    • Allée des Curiosités

      Hello David, je pense que la réponse à ta question se trouve dans la partie de l’article qui commence par « Mais alors, pourquoi n’ai-je pas aimé ce film ? » ;) Mes notes sont totalement subjectives dans la mesure où c’est un blog personnel, c’est le fruit de mon ressenti sur un film ou un livre donné, que j’expose ensuite dans la critique.

      Ce n’est en aucun cas un jugement objectif… et à ce titre, il s’appuie sur les éléments qui sont importants à mes yeux dans un film. Un film esthétiquement beau mais qui ne suscite chez moi aucune émotion ne me poussera pas à mettre une bonne note. L’histoire est quelque chose de primordial à mes yeux, tout comme la psychologie des personnages. D’autres personnes mettront sans doute l’accent sur d’autres éléments… car je pense que face à une oeuvre, quelle qu’elle soit, on a tous une alchimie très subtile pour le juger, en accordant plus ou moins de poids à tel ou tel élément.



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