Des fleurs pour Algernon – Résumé
Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l’intelligence.
Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l’assistance de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d’esprit.
C’est bientôt l’extraordinaire éveil de l’intelligence pour le jeune homme.
Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l’amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser.
Mais un jour, les facultés supérieures d’Algernon commencent à décliner…
Auteur – Daniel Keyes.
Taille du livre – 542 pages.
Note – ★★★★★
Des fleurs pour Algernon – Critique
Je ne suis pas sûre, pour ma part, que ça me plairait beaucoup. On croit toujours que l’herbe est plus verte ailleurs : en changeant de pays, en devenant plus intelligent, plus riche ou je ne sais quoi d’autre. Mais ailleurs aussi, de nouveaux problèmes apparaissent…
J’avais 2 ans d’avance à l’école et déjà, ça créait un décalage. Parfois, c’était une sorte de fascination : vous êtes un peu la bête de foire, avec des questions comme « Mais comment t’as fait pour sauter des classes ? » (Euh… j’ai couché, comme tout le monde. Si si, au CP aussi).
Et parfois, c’était de la jalousie pure : il y a ce cliché selon lequel vous allez forcément TOUT réussir TOUT le temps. Et même si c’est totalement faux, certaines personnes y croient dur comme fer et estiment, du coup, que la vie est parfaitement injuste. Ce sont en partie tous ces fantasmes qui rendent le sujet de l’intelligence si fascinant. Mais parlons de ce livre !
Et si une opération chirurgicale pouvait transformer un simple d’esprit en surdoué ? C’est l’expérience que fait vivre Daniel Keyes à son (cobaye ?) héros Charlie Gordon dans le livre Des fleurs pour Algernon. Charlie doit consigner tout ce qu’il traverse et ressent avant et après l’opération, à la demande de l’équipe de chercheurs qui l’encadre.
C’est à travers ces comptes-rendus que l’on découvre aussi bien son histoire que ses émotions au fil d’un projet qui défie les limites de la science. Le format « journal » donne une dimension très intime à l’histoire qui ne laisse pas indifférent.
Tout au long du roman, la perception par Charlie du monde extérieur se transforme. Si le fait de devenir intelligent le libère de nombreux problèmes au quotidien, il entraîne aussi une prise de conscience douloureuse sur des sujets qui échappaient totalement à sa compréhension avant l’opération.
On retrouve dans le roman de nombreuses problématiques qui occupent les psychologues et chercheurs travaillant sur l’intelligence. Il est question par exemple de la dyssynchronie, concept élaboré par le psychologue Jean-Charles Terrassier : ça signifie simplement que chez les personnes à haut potentiel (les fameux « surdoués »), il existe un décalage entre l’intelligence et la maturité affective.
Par exemple, un enfant de 11 ans peut se retrouver au lycée parce qu’il a une bonne intelligence logique et verbale, ça ne veut pas dire qu’il pensera à draguer/sortir comme les personnes de sa classe qui ont 15 ans. Dans le roman, Charlie Gordon acquiert un QI de 185 après l’opération mais sa maturité affective reste celle d’un pré-adolescent. Les limites de la notion de quotient intellectuel apparaissent aussi assez nettement.
Charlie a longtemps rêvé de devenir intelligent, imaginant qu’il aurait alors toutes les cartes en main pour résoudre ses problèmes. Il découvre pourtant que les « problèmes » de la vie ne sont pas à l’image d’un labyrinthe de laboratoire où l’on peut aisément revenir sur ses pas et prendre un autre chemin.
Un QI élevé ne garantit en aucun cas une intégration harmonieuse à la société, pas plus qu’il ne prémunit contre l’échec. Le QI n’est qu’une mesure d’une forme d’intelligence, pas un gage de réussite absolue. Ces réalités, auxquelles bon nombre d’enfants précoces et d’adultes dits « surdoués » se heurtent de plein fouet, sont exprimées avec une finesse saisissante (à plus forte raison quand on sait que le livre date de 1966).
L’intrigue du livre Des fleurs pour Algernon ouvre une fenêtre passionnante sur le psychisme d’un « sujet de laboratoire » tour à tour simple d’esprit et brillant. Un sujet en qui nous pouvons tous nous reconnaître car « nous sommes toujours l’idiot d’un autre ». Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un idiot ?
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J’ai beaucoup apprécié ce petit livre que j’ai considéré un peu comme un « ovni ». J’ai trouvé très très étrange le début du bouquin où le héro (encore simple d’esprit) écrit à sa manière à lui.. avec des fautes, des phrases mal construites et surtout des pensées très limitées. Puis j’ai adorer voir sa manière de réfléchir, de voir le monde et bien sur d’écrire (quel soulagement tout de même – même si je suis pas très douée en orthographe) évoluer.
J’ai trouver l’histoire extrêmement troublante et passionnante et le héro tellement attachant. Au début du livre, je pensais ne pas accrocher vraiment.. et l’auteur à réussi à m’emporter dans son univers, près de son héro. Et je suis devenue à la fois simple d’esprit, un génie, heureuse, malheureuse… il m’a fait vivre. C’était émouvant. C’était bien.
Je partage entièrement ton avis. Très surprise au départ par ce parti pris orthographique, j’ai trouvé ça audacieux de la part de Daniel Keyes… et encore plus quand on replace le livre dans son époque, où l’orthographe était encore plus sacrée et où le langage SMS n’existait pas. Il fallait le faire !