Hitler’s Children (Les enfants d’Hitler), des descendants de nazis témoignent


Les enfants d’Hitler (Hitler’s Children) – Résumé

Dans ce documentaire exceptionnel, 5 descendants de nazis figurant parmi les plus influents du régime d’Hitler témoignent : la petite-nièce de Hermann Göring, Commandant en chef de la Luftwaffe (armée de l’air allemande), qui s’est lui-même décrit lors du procès de Nuremberg comme « le plus haut responsable nazi après Hitler » ; la fille d’Amon Göth, Commandant du camp de concentration de Plaszów en Pologne ; la petite-nièce de Heinrich Himmler, principal orchestrateur de l’extermination des Juifs en Allemagne ; le petit-fils de Rudolf Hess, bras droit puis représentant d’Hitler auprès du parti nazi et à l’étranger ; et le fils de Hans Frank, responsable de l’extermination des Juifs et des ghettos en Pologne.

Le documentaire se penche sur le poids d’un tel passé familial et sur cet héritage historique lourd à porter.


RéalisateurChanoch Zeevi.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★★

Hitler's Children (Les enfants d'Hitler), Chanoch Zeevi

Hitler’s Children (Les enfants d’Hitler) – Critique

« Le fait que tu aies eu la nuque brisée m’a épargné une vie gâchée, a évité que tu ne m’empoisonnes avec ton lavage de cerveau »

C’est par ces mots que Niklas, le fils du nazi Hans Frank, s’adresse à son père, condamné à mort lors du procès de Nuremberg et pendu en 1946. Même s’il estime qu’il a été sauvé d’une « vie gâchée », Niklas arpente pourtant les routes depuis de nombreuses années, allant d’école en école pour parler de ses parents nazis.

Le documentaire de Chanoch Ze’evi le montre rapidement : même lorsque l’on est un descendant éloigné d’un nazi célèbre, le poids de cet héritage familial est tel que vivre avec est un combat de tous les instants.

Car les souvenirs et les photos de famille de ces cinq témoins n’ont hélas rien d’ordinaire.

Niklas se souvient par exemple de ce jour où son père l’avait emmené dans un camp. Les nazis avaient fait assoir des prisonniers d’une maigreur squelettique sur un âne et s’amusaient à frapper la croupe de l’âne pour que celui-ci se baisse, faisant tomber les prisonniers trop faibles pour lutter. Niklas était petit. Il avait trouvé ça drôle, comme un enfant rit devant un spectacle de clowns dans un cirque.

Aujourd’hui, il réalise toute l’horreur du « spectacle ». Rainer Hess raconte comment sa grand-mère disait à son père de « bien laver les framboises » cueillies dans le jardin de leur villa d’Auschwitz « sinon elles auront goût de cendre ».

Tous expliquent que bien souvent, la première génération de descendants des nazis n’a pas été capable de reconnaître toute l’horreur des crimes perpétrés par leurs parents, Niklas est un cas à part. Nombre de ces adultes ont connu une enfance sans amour parental, où la rigidité morale dominait. Pas le droit de montrer leurs émotions, pas de câlins. « Il n’y avait pas de chaleur. Mon père fixait les règles et nous obéissions », confie ainsi Rainer Hess.

Rainer Hess tenant une photo de famille

Il explique justement que son père a grandi à deux pas du camp de concentration et qu’après la mort de Rudolf Hess, il a continué à défendre son image. Monika Göth, quant à elle, raconte qu’elle a longtemps ignoré les horreurs perpétrées par son père dans le camp de concentration de Płaszów (je l’avais déjà évoqué sur le blog en présentant le documentaire Inheritance de James Moll).

En voyant les photos de famille d’Amon Göth avec ses chiens, son cheval, sa villa, elle s’était imaginé un père idéal. Elle percevait Plaszów comme un camp de travail. Et puis, un jour, sa mère a admis que Göth avait tué « quelques Juifs ». Monika s’imaginait qu’il avait dû tuer une ou deux personnes… Elle était encore capable de pardonner à son propre père, imaginant que c’était hélas inévitable d’avoir tué en temps de guerre. Sa mère est allée jusqu’à la battre quand elle a voulu connaître le nombre exact de victimes.

Un jour, dans son café préféré, elle a remarqué que le gérant portait un numéro de prisonnier tatoué sur le bras. L’homme, qui la connaissait uniquement sous le nom de « Monika », a fini par admettre qu’il avait été emprisonné à Plaszów. « Mais alors, tu dois connaître mon père ! » s’est exclamée la jeune fille, ravie de rencontrer quelqu’un qui pourrait enfin lui parler de lui.

Quand l’homme a réalisé qu’elle était la fille du tortionnaire de Plaszów, il est devenu blanc comme un linge et elle a compris qu’on lui avait caché la vérité. C’est en voyant La Liste de Schindler que Monika Göth a mesuré pour la première fois toute la magnitude des crimes de son père.

Monika Göth

« Nous ne devons pas seulement vivre notre vie mais aussi celle de nos parents ou grands-parents » qui étaient incapables de reconnaître les faits, déclare ainsi Bettina Göring. Car le sentiment de culpabilité est énorme. Rainer Hess, par exemple, a décidé de se rendre à Auschwitz pour voir de ses propres yeux les vestiges de l’horreur et la villa où a grandi son père.

Il fait la route avec un descendant de survivants de l’Holocauste… et avant d’arriver au camp, la peur le gagne : peur d’être reconnu, d’être perçu lui-même comme un criminel. Cette visite à Auschwitz est bouleversante, d’autant plus lorsque Rainer se retrouve face à une jeune fille juive dont toute la famille a été décimée par Hess dans ce camp.

La culpabilité est telle que certains ont fui : Bettina Göring est partie vivre au Nouveau-Mexique, là où son nom est moins lourd à porter… et elle et son frère ont décidé de se faire stériliser, pour que « la lignée Göring » ne leur survive pas. Katrin Himmler avoue pour sa part que lorsqu’elle quitte l’Allemagne, elle fait tout pour ne pas être perçue comme une Allemande.

Dans Hitler’s Children (Les enfants d’Hitler), Chanoch Ze’evi pose aussi d’autres questions : comment concilier l’amour que tout enfant veut avoir pour ses parents… et l’incapacité à aimer de tels parents ? Peut-on et doit-on passer à autre chose ?

Niklas Frank considère pour sa part que la Shoah peut se reproduire : une situation économique catastrophique, les gens qui se tourneraient alors vers un leader… Quelques meurtres, peut-être, au sein des minorités ethniques, pour qu’il y ait plus de travail pour « les vrais Allemands »… Il met en garde contre ces dérives extrémistes et ouvre un autre débat : celui d’une possible répétition du passé.

C’est un documentaire vraiment très riche qui vous passionnera si vous vous intéressez à cette période de l’Histoire.


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