Mon père cet assassin - Résumé
Monika Hertwig est née de l'union entre Ruth Kalder, secrétaire dans l'usine de l'industriel Oskar Schindler, et Amon Göth, nazi et commandant du camp de concentration de Plaszow.
Ayant grandi dans l'ignorance de l'identité réelle de son père, elle finit par apprendre la vérité à l'âge de 11 ans.
A 60 ans, hantée par cet héritage familial, Hertwig décide de prendre contact avec Helen Jonas-Rosenzweig, une femme juive que Göth avait choisie comme employée de maison. Elle espère en apprendre davantage sur son père.
Surmontant ses réticences initiales, Helen Jonas-Rosenzweig accepte la rencontre...
Réalisateur - James Moll.
Durée du film - minutes.
Note - ★★★★★

Mon père cet assassin, James Moll (Inheritance) - Critique
Göth rencontre Ruth Kalder alors qu'elle travaille pour Oskar Schindler. Rapidement, ils emménagent ensemble. Schindler et Göth, tous deux membres du parti nazi, étaient amis, aussi étonnant que cela puisse être quand on sait que Schindler finira par sauver la vie de plus de 1000 Juifs.
En 1944, Göth est suspendu de ses fonctions par les SS. Là encore, cela peut paraître étonnant. On s'imagine en effet que les agissements d'un tel monstre, qui a exterminé des milliers de personnes, ont été stoppés par les Américains. En réalité, ce sont d'abord les SS qui ont écarté Göth de Plaszow parce qu'il avait volé des biens appartenant à des Juifs (or, sous le régime nazi, ces biens étaient considérés comme propriété de l’État). Göth échappe au procès car l'Allemagne est sur le point de perdre la guerre. Il est interné à l'hôpital psychiatrique de Bad Tölz, où il sera arrêté par les Américains en mai 1945, avant d'être pendu en 1946.

Peu avant sa capture, Göth conçoit un enfant avec Ruth Kalder : Monika Hertwig. Elle grandit dans l'ignorance totale de la vérité. Sa mère, qui refuse que Monika l'appelle "maman", continue à porter à Göth une véritable adoration, a pris son nom après sa pendaison et finira par se suicider aux côtés d'un portrait de Göth. Elle raconte à Monika que Göth est mort pour son pays, sans jamais mentionner qu'il a exterminé des milliers de gens. "Je la croyais", explique Monika Göth dans le documentaire. "Pourquoi ne l'aurais-je pas crue ? [...] Pour moi, c'était un grand homme, c'était un soldat".
Mais à l'âge de 11 ans, après un banal caprice enfantin, sa mère la regarde et lui dit "Tu es comme ton père et un jour, tu mourras comme lui".

Cette phrase vous glace le sang... et vous comprenez qu'en un instant, la vie de Monika Hertwig bascule. Elle raconte dans le documentaire comment elle comprend peu à peu que ce père qu'elle imaginait en héros de guerre n'est en réalité qu'un tortionnaire de la pire espèce, qui tuait des gens arbitrairement avec un plaisir non dissimulé et avait dressé ses chiens pour qu'ils mettent à mort des Juifs vivants.
A 60 ans, Monika Hertwig a l'air d'un fantôme. Une femme hantée, fragile, qui se sent responsable des crimes d'un père qu'elle n'a pourtant jamais connu. Elle semble avoir du mal à réconcilier les deux images qu'elle a de lui : elle a beau savoir que Göth était un monstre, elle explique que sa mère lui en a donné une image si flatteuse qu'elle n'arrive pas, émotionnellement, à savoir qui était vraiment son père. C'est là qu'elle décide de contacter Helen Jonas-Rosenzweig, rescapée de l'holocauste. Exilée en Floride, elle a été l'une des employées de maison de Göth à Plaszow et a été secourue par Oskar Schindler lui-même après la mise à pied de Göth.
Helen Jonas-Rosenzweig m'a immédiatement impressionnée. Elle renvoie l'image d'une femme aussi traumatisée qu'elle est forte, lumineuse, courageuse et ouverte. Elle accepte de rencontrer Monika Göth à Plaszow, où elle n'est pas retournée depuis très longtemps, dans l'espoir de trouver elle aussi une forme de paix malgré les difficultés : "Il est difficile pour moi d'être avec elle parce qu'elle me rappelle beaucoup.. vous voyez... Elle est grande, elle a certains traits. Et je le haïssais tellement. Mais c'est une victime".
Le documentaire mêle des interviews des deux femmes à des images de leur rencontre, dans les vestiges du camp de concentration de Plaszow puis dans la maison même qu'habitait Amon Göth, le tout entrecoupé de photos d'époque.
C'est bouleversant. On mesure à quel point l'homme a instillé une peur éternelle chez ses victimes. Dans la maison de Göth, par exemple, Helen Jonas-Rosenzweig raconte qu'elle l'entendait marcher à l'étage et que le bruit de ses bottes la terrifiait. Quand elle-même monte l'escalier de la maison et que ses pas résonnent sur le sol, elle est prise d'une terreur incontrôlable et, en larmes, se met à grimper les marches quatre à quatre. Imaginez l'ampleur du traumatisme quand, plus de 60 ans après, un bruit seul suffit à réveiller le souvenir.
Pendant 1h15, on plonge dans un pan de l'histoire qui n'a plus rien à voir avec la fiction. Qui vous secoue comme vous n'avez jamais été secoué mais qui vous donne aussi envie d'en parler, toujours plus.
Je vous dirais bien qu'il s'agit d'un documentaire "immanquable" mais il est hélas très difficile à trouver. Vous pouvez trouver le DVD en import américain (lisible donc sur un ordinateur mais pas sur un lecteur DVD européen, et sans sous-titres français). Inheritance a été diffusé sur Arte en 2011 sous le titre Mon père, cet assassin... donc en cas de rediffusion, ne le ratez pas !
Vous pouvez aussi regarder le documentaire Les Enfants d'Hitler de Chanoch Zeevi, où témoigne également Monika Göth.
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Tant mieux si ça t’a plu, ça m’avait marquée aussi. Il y aussi Hitler’s Children de Chanoch Zeevi (Monika Goeth est dedans).
Mais jusqu’où ira-t-on ? ^^ Amon Göth de la Liste de Schindler mène à Inheritance dont l’une des interviewées mène à un autre documentaire… Merci de partager tes suggestions, j’ai vraiment aimé Inheritance ! Je vais regarder Hitler’s Children si je le trouve et à bientôt pour la prochaine ;)