Les Passeurs de livres de Daraya, Delphine Minoui


Les Passeurs de livres de Daraya – Résumé

Un jour, Delphine Minoui découvre sur un groupe Facebook une image qui l’interpelle : celle d’une bibliothèque secrète, installée à Daraya, une ville assiégée par les forces de Bashar al-Assad au coeur de la Syrie.

Interpellée par la puissance de l’image, du symbole d’un groupe qui lutte pour préserver un pan de culture au coeur de la guerre, elle décide d’établir un contact avec Daraya pour se faire raconter l’histoire de cette bibliothèque…


Auteur.
Taille du livre160 pages.
Note – ★★★★☆

Les Passeurs de livres de Daraya, Delphine Minoui

Les Passeurs de livres de Daraya – Avis sur le livre

L’écriture de Delphine Minoui m’a instantanément fait penser au très beau roman Constellation d’Adrien Bosc. De la sensibilité, de la délicatesse mais aussi de la précision, des faits, dans ce qu’ils peuvent avoir de brutalement réels parfois.

C’est une histoire qui commence par une découverte inattendue. Dans le flot de publications qui défilent sur Facebook, l’auteur découvre un jour une photo qui éveille en elle une curiosité incontrôlable.

« L’image est singulière. Un cliché énigmatique, sans trace de sang ni de balles, échappé de l’enfer syrien. Deux hommes de profil, entourés de murs de livres. Le premier se penche sur un ouvrage, ouvert en son milieu. Le second sonde des yeux une étagère. Ils sont jeunes, la vingtaine, veston de sport jeté sur les épaules pour l’un d’eux, une casquette vissée sur la tête pour l’autre. Dans ce huis clos sans fenêtre, la lumière artificielle qui balaie leur visage accentue l’incongruité de la scène. Comme une fragile respiration dans les interstices de la guerre.

Ce cliché m’interpelle. Je l’ai découvert par hasard sur Facebook, à la page de « Humans Of Syria », un collectif de jeunes photographes syriens. Je lis la légende : elle évoque une bibliothèque secrète au coeur de Daraya. Je répète à voix haute : une bibliothèque secrète à Da-ra-ya. Les trois syllabes s’entrechoquent. Daraya, la rebelle. Daraya, l’assiégée. Daraya, l’affamée. J’ai tellement lu, écrit aussi, sur cette banlieue rebelle de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique de 2011, encerclée et bombardée depuis 2012 par les forces de Bachar al-Assad. L’idée que ces jeunes soient là, à bouquiner sous les bombes, dans les sous-sols de cette cité embastillée, attise ma curiosité ».

L’auteur parvient à établir un contact avec les jeunes gens qui ont fait germer ce projet fou, clandestin, au péril de leur vie… et peu à peu, au fil de leurs échanges entrecoupés par les chocs de la guerre, ils lui dévoilent l’histoire de cette bibliothèque de Daraya.

C’est une vie qui n’a rien de commun avec la nôtre. Une vie où les bombes tombent chaque jour sur les rues, sur les civils, sans distinction d’âge, de sexe, de milieu. Une vie où l’on vous prive peu à peu de tout : les champs qui vous alimentent, bombardés ; les gens que vous aimez, arrachés à la vie ; les corps à pleurer, enlevés par l’assaillant.

Au milieu de tout cela, les livres incarnent une puissance salvatrice hors du commun. Dans l’espace intime de son propre esprit, on peut penser ce que l’on veut, croire ce que l’on veut, apprendre ce que l’on veut… et le livre se fait l’instrument de cette ouverture unique sur la liberté.

C’est une chose que la guerre ne peut pas voler, une chose qui fait oublier la réalité de vivre dans une ville assiégée et coupée du monde. Grâce aux livres, on peut aller partout, imaginer l’ailleurs, imaginer demain alors même que toutes ces idées sont absentes du décor alentour.

Il y a quelque chose de très fort dans l’image de ce groupe qui, bravant un danger constant qui a éteint chez eux le sentiment de peur, anime une bibliothèque souterraine. On y parcourt des classiques, on y apprend des poèmes, on y organise des débats… et dans la clandestinité bienfaisante offerte par les sous-sols, on vit au fond loin « au-dessus » de la destruction qui règne dans les rues.

On ressent chez ces habitants un profond attachement à leur terre, malgré les souffrances qu’elle leur inflige. La guerre ne peut gommer toutes les émotions, toutes les histoires… et celle qui s’écrit à Daraya est infiniment touchante.

C’est la Syrie comme on la voit rarement. La Syrie, dont on capte des images entre deux barils d’explosifs qui tombent. La Syrie de la liberté et de l’amour des mots, qui mérite tant d’être connue que je vous recommande de vous plonger dans ce récit.


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