Oiseaux de tempête, Einar Karason - Résumé
Février 1959. Au cœur de l'hiver, le chalutier Mafur est parti pour une brève campagne de pêche dans les eaux glaciales de Terre-Neuve-et-Labrador. La pêche a été aussi bonne que rapide, les cales sont remplies de sébaste et le bateau se prépare à rentrer au port, en Islande.
C'est alors qu'un avis de tempête leur parvient. Les températures chutent brutalement et, avec elles, la houle se transforme en glace qui menace d'emprisonner le chalutier dans une gangue lourde et rigide qui, plus encore que les déferlantes et autres vagues scélérates, risque de l'entraîner par le fond. Commence alors, pour les 32 membres d'équipage, une course contre la mort...
Auteur - Einar Karason.
Taille du livre - 160 pages.
Note - ★★★★☆
Avis sur le roman "Oiseaux de tempête"
Ici, on reprend la mer depuis l'Islande, embarquant à bord du Mafur. Un chalutier, 32 hommes, depuis de jeunes matelots qui vivent l'une de leurs premières expériences en mer, à l'instar de Lárus, qui a laissé sur le port des parents inquiets, jusqu'à des loups de mer expérimentés qui connaissent par cœur les départs et les retours sur la terre ferme, avec l'envie de rattraper le temps perdu en vivant trop fort...
Le Mafur fait route vers les eaux froides de la région de Terre-Neuve-et-Labrador, au large des côtes canadiennes et de la pointe du Groenland. Le sébaste y est abondant et très vite, les cales du bateau sont pleines et le retour à Reykjavik se prépare.
C'est là que frappe la tempête. Ayant passé les premières pages à faire connaissance avec quelques occupants du bateau, on se retrouve happé dans le quotidien du chalutier. Les vagues, qui déferlent avec violence sur le pont. L'inclinaison, à contrôler sans cesse tant la houle risque de faire chavirer un navire mal orienté par rapport à des déferlantes puissantes. Les hommes, qui doivent agir mais se retrouvent aussi face à leur propre rapport à la mort, menace qui plane autour d'eux.
Surtout quand ils réalisent qu'une tempête pareille a coulé bien des navires par le passé... et que certains bateaux de la même zone de pêche ne donnent plus signe de vie.
L'ennemi n'est pas la vague. L'ennemi, c'est le froid. A peine la tempête commencée, les températures ont chuté drastiquement et l'eau qui vient se fracasser sur le chalutier gèle presque aussitôt, emprisonnant peu à peu le bateau dans une gangue de glace : les chaloupes, le portique, le radar, les hublots, tout se recouvre peu à peu de glace, au risque d'alourdir et de déséquilibrer le Mafur.
On vit une plongée intense au cœur du bateau, une action pure qui délivre un shot d'adrénaline : il faut casser la glace, réchauffer les hommes, lutter contre la mer et les éléments, espérer l'accalmie qui n'arrive pas... mais il faut également apaiser les esprits qui, sous la terreur, s'égarent, faire tenir les corps écrasés par la fatigue, dans une course éperdue vers la survie.
On admire le sang-froid des uns, le courage des autres, les décisions qui sauvent et celles qui prennent des risques. On espère l'issue sans la voir arriver, on imagine les corps fourbus et mouillés, les nerfs qui font tenir les marins car s'endormir, c'est mourir un peu...
"Oiseaux de tempête" est un roman court et intense, très imagé, au point de ressembler à un documentaire bien qu'il s'agisse d'une fiction. L'histoire est "simplement" celle des marins... mais dans cette simplicité, on est habité de belles émotions.
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