Polisse, Maïwenn : la Brigade des mineurs vue par le cinéma


Polisse – Résumé

Polisse nous plonge au cœur de la Brigade des mineurs de Paris. Au quotidien, elle est confrontée à toutes les situations qui mettent l’enfance en danger.

Les affaires se succèdent : prostitution, suspicions d’inceste, viols, pédophilie, maltraitance mais aussi les drames de la grande précarité et la prostitution infantile.

Les relations entre les policiers de la brigade sont mises à rude épreuve… et il est parfois bien difficile pour eux de mener une vie de famille ordinaire après avoir vu et entendu tant d’histoires atroces durant la journée.

L’arrivée de Melissa, une jeune photographe commissionnée pour réaliser un reportage sur la brigade pour le ministère, ne s’annonce pas facile pour l’équipe, qui va devoir l’intégrer à ses missions.


RéalisateurMaïwenn.
Durée du film minutes.
Note – ★★★☆☆

Polisse, Maïwenn

Polisse – Critique

Polisse est un film qui m’a captivée d’un bout à l’autre mais dont la violence de certaines scènes au sein même de la police m’a surprise et déroutée. Vous vous en doutez, c’est un film qui aborde des thèmes très durs comme l’inceste, le viol, la maltraitance mais aussi la grande précarité, les mères toxicomanes, la prostitution infantile… Toutes les circonstances qui peuvent amener un enfant à croiser la route de la brigade des Mineurs.

Les enfants, justement, sont particulièrement touchants et justes dans leur interprétation : on leur a attribué des histoires bien douloureuses qu’ils s’approprient avec talent. Ce petit garçon par exemple, que sa mère vient abandonner dans les locaux de la police parce qu’elle ne supporte plus de lui infliger une vie dans la rue. Ce jeune gymnaste victime d’actes pédophiles… La petite actrice Malonn Lévana qui m’avait beaucoup marquée dans Tomboy dont le personnage est impliqué ici dans un possible inceste…

Ces histoires, pourtant, ne forment pas le cœur du film. Polisse évoque davantage les rapports entre les policiers de la Brigade des mineurs. Ils sont décrits comme une équipe soudée voire inséparable, où l’on va finir la journée ensemble au café, où la vie de famille semble réduite au minimum et est souvent dysfonctionnelle : Iris (Marina Foïs) ne parvient pas à tomber enceinte de son compagnon malgré ses tentatives et son couple bat de l’aile ; Nadine (Karin Viard) est sur le point de divorcer et son ex-mari demande la garde de leurs enfants ; Fred (Joey Starr) multiplie les « breaks » avec sa compagne et n’arrive pas à décrocher de son travail…

Polisse, Maïwenn

La jeune photographe engagée pour immortaliser la Brigade au quotidien est jouée par Maïwenn elle-même : la réalisatrice du film a sans doute mis dedans un peu de son histoire personnelle. En effet, Maïwenn a, dans la vraie vie, été poussée par sa mère dès l’âge de 3 ans dans le milieu du cinéma. Elle dira même plus tard que sa mère ne l’aimait « qu’à travers un écran de cinéma ». Dans le film justement, la photographe semble au départ ne vivre qu’à travers son objectif tant elle est inhibée…

Maïwenn a affirmé avoir été battue par ses parents : par son père d’abord, dans l’enfance, puis par sa mère, à l’adolescence. Elle décrit sa mère comme une femme névrosée, un « poison » qui fait tout pour la détruire. Elle a ensuite épousé Luc Besson à l’âge de 16 ans, accouchant de leur premier enfant quelques mois avant ses 17 ans. Plus tard, elle a connu la dépression, la boulimie, etc.

L’histoire de Maïwenn dans « la vraie vie » est très touchante et lui permet sans aucun doute de comprendre la psychologie d’un être blessé mieux que d’autres. Mais dans Polisse, les sentiments et les tensions sont exacerbés : les policiers se confient les uns aux autres autant qu’ils peuvent se critiquer âprement, voire en venir aux mains. C’est cette violence qui m’a peu à peu amenée à porter un regard plus critique sur le film, que j’adorais au départ : voir des policiers perdre leur sang-froid au point de se hurler dessus en présence des victimes ou des prévenus est déconcertant ; les voir s’étriper, balancer des objets, hurler sur leur supérieur hiérarchique sans aucune forme de respect ne m’a pas convaincue.

Je suis consciente qu’un policier n’est pas un être parfait exempt d’émotions… et que dans la police aussi, il y a des potins de bureau, des animosités comme dans n’importe quel milieu professionnel. Cependant, il me semble que c’est un métier qui exige une certaine maîtrise de soi et le film montre complètement l’inverse à un point qui m’a semblé extrême.

Polisse, Maïwenn - Un interrogatoire musclé

Une scène en particulier m’a choquée : une jeune fille se retrouve devant la police car elle a été plus ou moins forcée à faire une fellation à plusieurs garçons de son école pour récupérer son téléphone portable qui lui avait été pris. L’adolescente ne semble pas se rendre compte de la gravité de son acte, qu’elle tente de justifier en disant « Je voulais vraiment récupérer le téléphone, c’était un beau portable quand même ». Face à ça, les policières qui l’interrogent sont prises d’un fou rire incontrôlable… et chaque nouvelle déclaration de la jeune fille ne fait que renforcer leurs rires. On ne frise plus l’irrespect, on y baigne.

J’ai passé un bon moment malgré tout, j’ai aimé le travail effectué sur l’histoire de chaque personnage, l’interprétation des enfants, le thème du film lui-même… mais ce sentiment d’irrespect entre collègues et vis-à-vis des victimes m’a dérangée.


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9 commentaires sur “Polisse, Maïwenn : la Brigade des mineurs vue par le cinéma
  • Maïlys

    Coucou :)
    Je viens de tomber sur ton blog en cherchant des critiques sur Polisse. J’en ai entendu parler dès la moitié de mon collège car il était à l’époque récent (j’ai actuellement 19 ans), mais mes parents refusaient que je le vois car ils me jugeaient trop jeunes. Et désormais, je ne peux qu’être d’accord avec eux; à 13-14 ans, ce film m’aurait sans doute traumatisé. Mais j’ai donc enfin pu le regarder.
    J’ai vraiment adoré ce film, sans doute parce que la cause des enfants me touche particulièrement. Je lui reconnais certains défauts évidents, comme d’énormes faux raccords ou des exagérations dans le comportement et les réactions des personnages, comme tu as pu le souligner.
    Cependant, je voulais te corriger sur un petit point. Je pense que la scène du portable a été mal interprétée par beaucoup de personnes, ce qui est compréhensible puisqu’il parait évident qu’ils sont en train de se moquer de l’adolescente. Mais personnellement, je ne l’ai pas vu de cette façon.
    Leur réaction face à l’aveu de Caroline, la jeune fille, me parait plus due à un mélange d’incrédulité et de nervosité de leur part. C’est-à-dire qu’ils voient tellement de choses horribles passer tous les jours, des sévices et des maltraitances immondes sur des enfants, que le comportement de cette adolescente, accepter des fellations en échange de son portable, tient de la bêtise. Aussi, sur l’instant, leur seul réaction est de rire parce qu’ils ont besoin d’évacuer toutes ces émotions. Ils ont conscience que c’est mal de rire devant un témoin, c’est même en totale opposition avec le comportement qu’ils doivent adopter, mais sur le moment, c’est plus fort qu’eux. En regardant le film la première fois, et bien que ce genre de situation me révolte, je n’ai pas pu m’empêcher de glousser également. Parce que face à toutes les situations vues précédemment, celle-ci parait tellement absurde que le rire m’a pris d’un coup.
    Je pense que je me suis un peu mal exprimée et j’espère que je ne t’aurais pas offensée ou choquée, mais voilà, je voulais te partager mon envie et comment j’ai ressenti cette scène.
    Continue comme ça, j’adore ce que tu fais ^^

    • Marlène

      Merci pour ton témoignage et ton ressenti ! Je pense que le rire est parfaitement normal dans des situations très tendues et très fortes émotionnellement. D’ailleurs, les médecins par exemple sont trèèèès connus pour leurs blagues potaches et leur humour parfois très grinçant, je crois que c’est un bon moyen de désamorcer la tension légitime qui découle de ces métiers.

  • Ema

    Bonjour :),

    J’ai découvert ton blog en cherchant des résumés complets sur Game Of Thrones, que j’ai trouvés très intéressants.
    Du coup, j’ai parcouru tes analyses films et livres, c’était très pertinent.

    Je me permets de rebondir sur l’analyse de Polisse (film que j’ai adoré à l’époque mais pas vu depuis un moment).

    Je suis gendarme depuis plusieurs années, j’aspire à me spécialiser justement dans un équivalent de brigade des mineurs.

    Ce que j’aime dans ce film c’est qu’il n’a pas peur d’aller loin, de coller au plus près.
    J’ai retrouvé quelques éléments similaires à des événements que j’ai vécus et observés.
    Il est vrai que les forces de l’ordre s’habituent au fil des années à toutes les dérives humaines.
    Tu vois tellement de choses complètements choquantes et perturbantes que oui, ça peut susciter des réactions telles que des rires. Un peu comme les personnes qui vont rire aux enterrements. Donc j’ai trouvé ça assez juste. Mais je conçois totalement que ça puisse choquer. C’est une manière de montrer le laisser aller que ces policiers ont besoin d’avoir par moments pour ne pas vriller (même si la fin du film démontrent l’inverse).

    Là où je te rejoins c’est dans le fait que rien de tout ça ne doit être fait devant les victimes. Là il est vrai que le film va loin. Mais là encore, je comprends les intentions de la réalisatrice.

    L’intention du film est à louer. On parle assez peu des conditions policières et le milieu en a besoin.

    Je continuerai à lire tes analyses avec plaisir,
    Bon 1er mai,

    Ema

    • Marlène

      Hello Ema, merci pour ton message. Tu fais un beau métier, difficile mais nécessaire !

      Ce qui m’a dérangée dans le film n’est pas le fond – les « craquages », qui paraissent bien naturels et inévitables dans ce genre de métier – mais plutôt le fait qu’ils surviennent en présence des prévenus ou des victimes. De la même manière que ça me choquerait qu’un médecin se moque en présence d’un patient (alors qu’on sait très bien que ça rigole beaucoup en coulisses dans les services hospitaliers, pour alléger la pression).

  • Aurélie

    Décidément, je ne te quitte plus. J’ai passé beaucoup de temps sur No Tuxedo ces dernières semaines, et là je tombe sur Allée des Curiosités, en faisant des recherches très éloignées des blogs et des techniques de référencement ;) Il ne me reste plus qu’à m’intéresser aux voyages pour devenir une vraie lectrice pot de colle !

    J’ai vu « Mon roi » hier soir, que j’avais raté au cinéma et qui depuis faisait partie de ma (longue) liste de films à voir. Ça m’a donné envie de revoir les autres films de Maïwenn, dont Polisse. Je l’avais vu au moment de sa sortie ; je me souviens avoir globalement aimé même si les détails sont désormais un peu flous. Il me reste cependant cette impression générale de malaise devant certaines scènes, que tu décris bien, et qui paradoxalement ne se manifestait pas tant face au récit pourtant insoutenable des victimes, que face au comportement de certains policiers, plus inattendu. Mais c’était aussi ça l’intérêt du film. Bref, il faut que je le revoie, mon ressenti sera peut-être différent !

    • Allée des Curiosités

      Il est rediffusé lundi 30 janvier me semble-t-il :)

    • Aurélie

      Ah bah oui, lundi sur M6, quel parfait timing ! Merci ;)

  • Nadine

    J’ai vu ce film deux fois, un grand moment de cinéma! Aussi j’ai travaillé dans ce genre de milieu, version Québec, alors ça me donne froid dans le dos! On ne naît pas tous égaux, forcément…
    Bonne soirée

    • Allée des Curiosités

      On doit vraiment avoir un regard plus riche sur le film quand on connaît ce milieu de l’intérieur… Ça doit être très dur psychologiquement !



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