Tomboy – Résumé
Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon. Action ou vérité ? Action.
L’été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Mickael, un garçon comme les autres… suffisamment différent pour attirer l’attention de Lisa qui en tombe amoureuse.
Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret.
Réalisateur – Céline Sciamma.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★★☆
Tomboy – Critique
Cheveux courts, vêtements peu féminins, chambre peinte en bleu (par opposition à celle de la petite sœur, Jeanne, où domine le rose)… Si l’on n’a pas lu le résumé du film, on tombe des nues en découvrant au bout d’un quart d’heure que le « garçon » s’appelle en réalité Laure. Si l’on a lu le résumé – ce qui était mon cas et qui est sans doute le vôtre si vous lisez cet article – on se demande si cette vision un peu caricaturale du « garçon en bleu/la fille en rose » n’est pas annonciatrice d’un mauvais film.
En réalité, on comprend rapidement que Laure ne se reconnaît pas dans le genre avec lequel elle est née. Laure se « sent garçon » et peut-être, consciemment ou inconsciemment, qu’elle ressent le besoin d’aimer davantage tout ce qui la rapproche du genre masculin : le bleu, le football, les pantacourts un peu larges. On n’a donc pas affaire à un cliché sur les garçons mais à des marqueurs identitaires « classiques » dans notre société, qu’un enfant « respecte » pour s’intégrer en tant que garçon.
Le genre est quand même un élément essentiel de l’identité. Est-ce un homme ou une femme ? C’est l’une des premières questions que l’on se pose face à quelqu’un et on est souvent bien embêté quand on rencontre quelqu’un au look très androgyne. Je me souviens avoir connu, dans ma scolarité, une fille dans ce cas… personne n’était capable de dire en la croisant pour la première fois si c’était une fille ou un garçon et autant dire que les gens se sentaient très mal à l’aise, ne serait-ce que pour engager la conversation.
Dans le film, rapidement, Laure, sous l’identité de Mickael, tombe amoureuse d’une autre fille. La question de l’homosexualité vient donc s’ajouter à celle de l’identité de genre. Face à des sujets aussi complexes, j’ai trouvé le jeu des jeunes acteurs exceptionnel. Zoé Héran, qui interprète Laure/Mickael, brille par la justesse de son interprétation, d’autant plus frappante chez une enfant de cet âge (11 ans). Même la petite sœur, jouée par Malonn Lévana (6 ans), affiche une spontanéité et une fraîcheur qui surprennent chez une si jeune actrice.
Elles permettent de s’immerger totalement dans l’intrigue sans jamais avoir l’impression que les scènes sont jouées, avec cette tension perpétuelle : Mickael va-t-il être « démasqué » ? Et si l’on découvre que c’est en fait une fille, pourquoi ce mensonge ?
Il y a deux interprétations : certains spectateurs penseront que pour Laure, tout ceci n’est qu’un jeu, qu’elle se fait passer pour un garçon pour s’amuser ; d’autres penseront que Laure ne joue pas mais parce qu’elle se sent réellement garçon. Dans le premier cas, ce serait un simple travestissement (se déguiser en une personne de l’autre sexe) ; dans le second cas, ce serait du transsexualisme (la conviction d’être né dans « le mauvais corps » et qu’on aurait dû, en fait, appartenir au sexe opposé).
Pour ma part, j’ai plutôt penché en faveur de cette deuxième interprétation : à certains moments du film, on a l’impression que Laure/Mickael porte son mensonge comme un terrible poids. On sent qu’elle aimerait parler à ses parents… mais que la confession reste bloquée parce que malgré son jeune âge, elle a conscience de l’impact d’une telle révélation.
Tomboy est un très beau film, dont on regrette seulement qu’il n’aille pas un peu plus loin à la fin (le dénouement reste relativement ouvert à l’interprétation). Il a été réalisé avec des moyens très limités, tourné en à peine trois semaines dans seulement deux décors principaux : une forêt et un appartement situés à Vaires-sur-Marne.
Des détails qui rappellent un autre long-métrage critiqué ici (Et toi, t’es sur qui de Lola Doillon) mais dont le résultat final n’a rien de comparable tant il est admirablement joué et finement construit. A ne pas rater !
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J’ai énormément aimé ce film, je l’ai trouvé vraiment très touchant. Pour ma part, je ne me suis pas spécialement posé la question « fille ou garçon » pour Laure/Mickael. Ille est très jeune, donc peut-être qu’il est un garçon, peut-être qu’elle est une fille masculine, peut-être qu’elle s’identifiera plus tard comme les deux ou comme ni l’un ni l’autre. Et je trouve que c’est justement ce qui fait l’intérêt du film. C’est une enfant et à cette période T, elle préfère apparaître comme un garçon. Après on est pas dans sa tête et on ne peut pas savoir comment elle évoluera ^^
Je trouve aussi, rien n’est présenté comme définitif et immuable et du coup c’est une grande invitation à l’ouverture d’esprit. On essaierait bien de faire entrer Laure/Mickael dans une case… mais l’histoire nous en empêche, et c’est très bien comme ça.
Pour ma part j’ai beaucoup aimé ce film qui traite d’un sujet très complexe avec beaucoup d’intelligence. Moi aussi je penche sur la deuxième interprétation, je pense que Laure se sent garçon. C’est assez également très bien joué.