Je reviendrai à Göttingen – Résumé
Alphonse Wormus est procureur dans la ville de Göttingen en Allemagne. L’arrivée au pouvoir des nazis bouleverse du jour au lendemain la notion de justice : alors qu’une prostituée juive a été assassinée par l’un de ses clients – nazi – Alphonse se voit menacé et contraint de laisser le coupable en liberté, alors même que sa responsabilité dans le meurtre ne fait aucun doute.
Voyant les droits de l’homme ainsi bafoués, Alphonse comprend qu’il doit fuir le pays, et vite, avant qu’il ne soit trop tard.
Il s’installe à Londres avec sa femme et son jeune fils Roman… et se jure qu’un jour, il reviendra à Göttingen. Mais peut-on espérer un retour dans un contexte comme celui-ci ?
Auteur – Joseph Joffo.
Taille du livre – 321 pages.
Note – ★★☆☆☆
Je reviendrai à Göttingen – Avis sur le livre
Ici, l’histoire commence à Göttingen, une ville allemande située entre Bonn et Berlin. Nous sommes en 1933 et les nazis viennent d’arriver au pouvoir en Allemagne. Alphonse Wormus est juif… mais il est surtout allemand, il s’est d’ailleurs battu pour son pays lors de la Première Guerre Mondiale et occupe désormais le poste de procureur à Göttingen.
Il pressent que ces bouleversements politiques n’augurent rien de bon mais il n’imagine pas que la situation puisse aller au-delà de simples tensions. Comme le racontait le jeune survivant d’Auschwitz Thomas Geve, les Allemands s’étaient rassurés en se disant « Nous sommes une nation civilisée et n’accepterons pas de retomber au Moyen-Âge ! » Et c’est exactement ce que pense Alphonse Wormus :
« L’Allemagne n’était tout de même pas complètement folle, les Allemands n’étaient pas totalement inconscients et Hitler ne pourrait pas faire n’importe quoi. D’ailleurs rien ne prouvait qu’il se maintiendrait longtemps à un poste où l’on verrait vite qu’il avait été absurde de le faire venir ».
Mais très vite, la réalité rattrape Alphonse Wormus quand arrive sur son bureau un nouveau dossier. Un dossier très simple : une prostituée juive a été assassinée, les preuves sont multiples et mènent toutes au même homme… qui est « un personnage important chez les nazis ».
On demande alors clairement à Wormus de passer le crime sous silence au vu de l’identité de l’accusé. Il se montre d’abord profondément hostile à l’idée de bafouer la justice mais il comprend vite, suite aux menaces reçues, qu’il n’a d’autre choix que d’obtempérer s’il veut vivre.
Il réalise, par la même occasion, qu’il doit fuir l’Allemagne avec sa femme et son fils adolescent, Roman, car leurs vies sont en danger. Néanmoins, Alphone Wormus s’accroche à une idée qui reviendra plus tard dans le livre :
« Il savait qu’il faut toujours des témoins, plus tard, pour dire la vérité, pour ne pas laisser l’oubli ou la légende s’instaurer ».
Le roman « Je reviendrai à Göttingen » raconte la fuite des Wormus en Angleterre… et la résolution d’Alphonse Wormus de ne pas laisser le crime impuni. Quoi qu’il advienne, il reviendra un jour dans sa ville d’origine et fera en sorte que le coupable soit jugé.
Évidemment, la Seconde Guerre Mondiale qui se profile à l’horizon risque de perturber quelque peu les projets de justice de Wormus… et Roman, lui, doit construire sa vie à l’étranger en ayant laissé à Göttingen la fille qui faisait battre son cœur.
Je reviendrai à Göttingen est donc une quête de justice autant qu’une histoire de fuite et d’identité : comment rester Allemand et juif à la fois, dans une période comme celle-là ? Faut-il adopter sa terre d’accueil ou la percevoir simplement comme une transition ?
Si je n’ai pas particulièrement apprécié ce livre, c’est à cause de son écriture que j’ai trouvée trop « simple », versant parfois dans le cliché facile au point de me laisser incrédule face à certaines scènes : un décès qui survient dans le livre, par exemple, m’a paru décrit d’une manière si clichée que je n’avais pas compris au départ que la victime était morte (on a tout, depuis la phrase « Il va falloir être courageux » jusqu’à l’oeil humide et au souvenir de moments heureux).
Il y a bien sûr des scènes poignantes, comme lorsqu’il est question de la libération du camp de Bergen-Belsen. Il y a des réflexions intéressantes, aussi, comme lorsqu’un personnage s’écrie :
« Vous savez, […] ici, pour la plupart des gens, ne plus être nazi, c’est simplement ne plus dire bonjour en hurlant Heil Hitler ! Ils sont incapables d’affronter la réalité, la vérité. Pour eux, il faut tourner la page, oublier, faire comme si rien ne s’était passé ».
Je crois, pour avoir écouté et lu beaucoup de témoignages sur l’après-guerre, que le poids du silence a effectivement gangrené l’Allemagne (et pas que !) pendant un bon moment… et que les gens de ma génération, dont les parents sont eux-mêmes nés après la guerre, sont beaucoup plus libérés de ce poids, plus aptes – et parfois déterminés – à regarder la vérité en face.
Malgré ces aspects positifs du livre, les amours sont trop à l’eau de rose, les sujets complexes souvent traités de manière un peu trop rapide et superficielle pour que je me retrouve pleinement dans le roman.
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