The Baby of Mâcon – Résumé
« La copulation est une affaire sérieuse… et les fruits qu’on en retire, négligeables, hormis la maladie et la tristesse ».
C’est l’étrange morale du film The Baby of Mâcon, qui se joue au XVIIe siècle dans la ville du même nom.
À mi-chemin entre un film et une pièce de théâtre, l’intrigue raconte comment une femme difforme met au monde un enfant superbe et en pleine santé alors que la ville est en proie à la misère et à la peste. Sa fille, jolie et pétillante, décide alors de faire croire à une naissance miraculeuse afin de gagner de l’argent…
L’enfant, symbole du miracle dont la population a tant besoin pour reprendre espoir, devient alors sujet à toutes les idolâtries, révélant ce qu’il y a de plus noir en chacun…
Réalisateur – Peter Greenaway.
Durée du film – minutes.
Note – ★☆☆☆☆

The Baby of Mâcon – Critique

C’est en effet le point de départ d’une histoire déconcertante qui ressemble à une moralité du Moyen-Âge. Au XVIIe siècle, la ville de Mâcon est en proie à la famine et à la misère et les femmes sont toutes infertiles. C’est dans ce contexte dramatique qu’une femme hideuse – au point que l’on cache son visage – met au monde un enfant qui semble tenir du véritable miracle : il est joufflu, en pleine santé et tout simplement magnifique !
Pour la population, impossible de croire à une telle histoire ! Comment une femme aussi âgée et difforme que la mère aurait-elle pu donner naissance à un si beau bébé ? Le père, un vieil homme cupide et libidineux, prétend avoir pris un remède qui a stimulé sa fertilité et tente de vendre le produit miracle autour de lui.

L’enfant se retrouve au centre d’un véritable déchaînement de passions : il nourrit la jalousie des femmes de la ville qui ne comprennent pas pourquoi elles sont infécondes alors qu’une femme hideuse parvient qu’à avoir un tel enfant.
Il suscite la convoitise de la Fille (Julia Ormond) qui décide de faire croire qu’il s’agit de son propre enfant, reléguant sa mère âgée et laide à l’arrière-plan.
Il donne aussi des idées à l’Eglise, car cette naissance miraculeuse pourrait, qui sait, restaurer la foi en Dieu des habitants de Mâcon.
Tout le film vous raconte l’histoire sous forme d’une pièce de théâtre. À travers une véritable mise en abyme, vous voyez en tant que spectateur des spectateurs qui assistent eux-mêmes à une pièce. Elle passe en revue tout ce qu’il peut y avoir d’ignoble chez l’homme : la tromperie, la maltraitance, l’idolâtrie, le mensonge, le meurtre, le viol, l’exploitation, avec des scènes qui relèvent parfois d’une violence inouïe.
Parmi les deux scènes les plus célèbres du film, il y a d’abord cette étrange incursion de la réalité dans la fiction : on sort du cadre de la pièce de théâtre pour assister à une scène filmée dans une véritable étable. La Fille, qui prétend être la mère du bébé tout en étant vierge, séduit le fils de l’évêque (Ralph Fiennes) et le convainc d’aller vérifier par lui-même qu’elle est belle et bien vierge. Tentation, je crie ton nom…
Le jeune homme se laisse ensorceler mais l’arrivée de l’enfant interrompt le début de leurs ébats. La fille se contente de l’installer dans un berceau improvisé et de le laisser assister à la scène… qui se termine dans un bain de sang.

La deuxième scène choquante a poussé de nombreuses personnes à quitter la salle lorsque le film a été projeté au festival de Cannes à sa sortie. La Fille se retrouve livrée à la milice de la ville pour être violée par 208 hommes successivement. Là encore, Peter Greenaway brouille les pistes de telle sorte que l’on ne sait plus vraiment si, durant cette scène, on se trouve encore dans la pièce de théâtre ou dans une réalité parallèle. Car derrière le rideau qui masque l’indicible, qui peut prouver que l’actrice se contente de jouer ?
The Baby of Mâcon est un film très dérangeant parce qu’il donne l’impression d’exposer pendant deux heures l’ensemble des vices de la condition humaine sans pudeur et sans tabou. On vous montre des dizaines de corps nus, parfois jeunes et en pleine santé mais souvent ventripotents et âgés ; leur nudité, loin de signifier leur innocence, sert au contraire de support à ce qu’ils ont de plus abject. En témoigne cette image frappante de « l’enfant roi »…

Il ne semble exister aucune autorité morale à laquelle se raccrocher : l’église se laisse corrompre, l’autorité politique du Prince (inspiré d’un personnage réel, Cosimo Medici) est molle et sans envergure, la foule est capable de mettre en pièces ses idoles sans arrière-pensée…
La forme du film, entre théâtre filmé et cinéma, ne m’a pas aidée à plonger dans l’histoire et bien que The Baby of Mâcon ouvre la voie à des interprétations nombreuses, je n’ai pas accroché…
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