Tout le monde peut-il devenir écrivain ?


Quand j’étais petite, j’ai envisagé – comme beaucoup sans doute – de devenir écrivain. L’aura entourant la profession, autant que l’écriture elle-même, exerçait sur moi un étrange pouvoir. Réfléchir à un pseudonyme puissant et facile à mémoriser, imaginer cette attente avant la réponse d’un éditeur, la naissance du livre imprimé et la possibilité de tenir en main son texte qui ressemblerait à un vrai livre…

Oh, j’ai bien failli devenir écrivain. J’ai écrit. J’ai même commencé à travailler sur l’un des textes avec un éditeur. Et puis j’ai abandonné, pour mille raisons toutes très valables.

Aujourd’hui, grâce au web, plein de choses me semblent différentes…

Des livres à la portée de tous ?

La possibilité d’écrire et d’être lu

N’importe qui a toujours pu écrire mais aujourd’hui, il est devenu bien plus facile qu’avant de partager ses textes et de les soumettre à la critique. Il existe littéralement des milliers de communautés, de concours, de challenges, à la fois pour nourrir son inspiration, pour sculpter son style et progresser.

Le contact avec les auteurs publiés est devenu plus direct et facile. Il en va de même avec les influenceurs, qu’ils soient dans la sphère amateur (blogueurs, Booktubeurs, etc) ou professionnelle (journalistes).

Je trouve que c’est un enrichissement à la fois pour les auteurs et pour la communauté littéraire dans son ensemble.

Prenons par exemple une œuvre qui a beaucoup fait parler ces dernières années : Fifty Shades of Grey. Même quand on n’apprécie pas ce style (c’est mon cas !), ça reste un roman qui a stimulé tout un pan de la littérature bien au-delà de la trilogie elle-même. Des auteurs comme Anne Rice ont par exemple vu leurs ventes décoller grâce à un effet boule de neige lié à Fifty Shades.

Il se trouve que l’histoire de ce roman est très intéressante puisque Fifty Shades était au départ une fan fiction inspirée de Twilight de Stephenie Meyer, publiée sur différents sites dont le célèbre FanFiction.net qui rassemble des millions de fan fictions dans des univers littéraires différents.

La nature très adulte du récit ayant posé problème sur ces sites, E.L. James a fini par créer son propre site, FiftyShades.com, pour publier ses histoires. Se détachant de son inspiration initiale, Twilight, elle a renommé ses personnages pour en faire la saga que l’on connaît aujourd’hui.

Comme je l’ai déjà mentionné sur ce blog, j’ai fait mon mémoire de fin d’études sur les fans fictions et j’ai croisé au fil de mes lectures plusieurs personnes qui se sont servies de cette forme d’écriture en ligne comme un moyen de se perfectionner et de développer leurs aptitudes avant de publier des œuvres originales.

La liberté de diffuser ses textes soi-même

Aujourd’hui, un auteur qui souhaite être publié ne dépend plus strictement d’un éditeur.

C’est vrai d’abord en ce qui concerne le financement, car il existe de nombreuses solutions de financement collaboratif qui permettent à un auteur de trouver les fonds nécessaires à l’impression de son livre. Je pense par exemple à la blogueuse Mademoiselle Cordélia, qui a lancé une campagne de crowdfunding grâce à laquelle elle a pu faire imprimer 500 exemplaires de son premier roman, Mon amie Gabrielle.

C’est également vrai en ce qui concerne l’impression. On peut se tourner vers un professionnel comme l’imprimeur de livres en ligne www.lesgrandesimprimeries.com et concevoir soi-même à la fois son livre imprimé mais aussi tous les éléments de communication qui l’entourent (flyers, etc).

À l’heure où beaucoup de gens choisissent de lire des livres électroniques, c’est un moyen de renouer avec le plaisir de tenir en main son texte au format papier et je pense que tous les amoureux de la lecture conçoivent bien à quel point ça peut être important pour un auteur (et pour un lecteur !) d’avoir un bel objet, qui sent bon l’encre fraîche et le papier, à lire et relire, à prêter et à ranger dans sa bibliothèque.

Sur ce type de site, on peut par exemple s’en tirer pour 2930€ TTC pour imprimer 500 exemplaires d’un livre de 300 pages… ce qui fait un coût à l’unité de 5.8€. Je trouve que ça met l’édition à la portée de nombreuses personnes, à plus forte raison quand vous avez déjà un lectorat (via votre blog, via un site d’écriture, une communauté en ligne) prêt à investir dans votre livre.

Bien sûr, ça exige beaucoup d’huile de coude pour assurer ensuite sa promotion mais c’est en phase avec l’air du temps qui prône le « do-it-yourself » (le « faire soi-même »)… et je pense qu’il y a un certain plaisir à accompagner soi-même le parcours de son texte du début à la fin.

Devenir écrivain, un rêve à la portée de n'importe qui ?

Et le talent dans tout ça ?

Je parle beaucoup d’aspects pratiques dans cet article mais assez peu, finalement, de la qualité littéraire des textes.

Je pense que là aussi, les choses ont beaucoup évolué depuis l’époque où je rêvais d’être écrivain :) Je me souviens que la publication chez un grand éditeur représentait le Saint-Graal (certes, c’est encore un peu le cas !). Je me souviens aussi à quel point on déconseillait aux jeunes auteurs de payer pour être publié. Sans oublier la difficulté qu’il y avait à cibler les bonnes maisons d’édition à qui proposer ses textes.

Je pense que d’une certaine manière, le web permet de mettre une énorme manne de contenus à disposition des lecteurs… et il y en a pour tous les goûts ! Prenons par exemple ce roman que je n’ai pas du tout apprécié, Les gens heureux lisent et boivent du café. Il a d’abord été publié à compte d’auteur, avant de remporter un tel succès qu’il est finalement sorti chez Michel Lafon et chez Pocket.

Je trouve cette histoire intéressante car elle met finalement la décision entre les mains du lecteur, qui choisit de plébisciter un texte ou pas. Un éditeur doit forcément tenir compte de la portée qu’un livre peut avoir. Difficile d’investir des milliers d’euros sur un texte (correction, impression, promotion, etc) si on suppose qu’il ne concernera qu’une minorité de lecteurs !

Le fait que l’impression et la diffusion des écrits soit aujourd’hui à la portée de tous permet aussi à ces livres plus « confidentiels » de trouver leur public, à des auteurs inconnus de conquérir leurs premiers lecteurs, à des thématiques délicates d’être abordées…

Ca permet aussi à des plumes maladroites d’avoir une place dans le paysage littéraire… forcément, si on adopte une approche élitiste, on aura tendance à penser que ça appauvrit la littérature avec des histoires médiocres au vocabulaire limité. Pour ma part, je me dis que tout le monde n’est pas fait pour apprécier une plume comme celle de Proust, un récit finement ciselé comme Constellation d’Adrien Bosc

Il y a des gens qui ont envie d’histoires simples, dans un langage simple, des histoires qui parlent de leur quotidien et qui sont faciles à comprendre. Des histoires qui, peut-être, n’auraient pas leur place chez un éditeur parce que leur qualité littéraire n’est pas exceptionnelle mais pour lesquelles il existe pourtant un public.

Alors je me dis que les gens qui ont envie d’écrire ont tout intérêt à le faire dès lors qu’il y a quelqu’un pour les lire…


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Les commentaires du blog sont actuellement fermés.


6 commentaires sur “Tout le monde peut-il devenir écrivain ?
  • Philippe

    Tombé par « hasard » sur votre blog… article intéressant qui devrait donner envie aux écrivains en herbe de se lancer. Je lis beaucoup de livres « papier » et numériques aussi. La qualité d’écriture supérieure des livres papier reste à démontrer :-)

    De mon côté, malgré un contrat d’édition, il y a 4 ans, j’ai choisi le numérique pour une plateforme et une audience qui sont sans commune mesure. 27 livres après, je ne le regrette pas.
    Merci pour vos articles que je vais suivre désormais ;-)

    • Marlène

      Merci Philippe pour le message, je trouve ça très bien qu’il existe aujourd’hui des outils de publication à la portée de tous ceux qui ont quelque chose à dire, une voix à faire entendre !

  • Charlie

    Je dis toujours qu’Internet c’est le père de Lu (l’entreprise de biscuits) : le champ des possibles. Donc oui, aujourd’hui tout le monde peut devenir écrivain. Mais à condition que les lecteurs l’ait décidé. Et ça c’est pas toujours évident.
    Comme tu dis les forums, concours aident beaucoup. Mais dans mon cas, j’ai bien trop peur de la critique (mes écrits n’étant pas des fictions mais des bouts de ma vie que je mets en scène).
    Du coup, j’essaie en ce moemnt de travailler sur une fiction (une histoire qui n’a rien à voir avec moi ou des gens de mon entourage).

    P.s : tu es vraiment une personne pleine de surprises et surtout pleine de ressources ;) (je savais que tu tenais deux autres blogs mais je pensais pas qu’ils seraient aussi bien que No Tuxedo comme quoi il ne faut pas juger un livre par sa couverture ou plutôt par la réputation d’autres livres/auteurs).

    • Allée des Curiosités

      Merci :) Je pense pour ma part qu’il y a des lecteurs pour beaucoup de sujets… et pour beaucoup de gens qui écrivent. C’est pour ça que je n’apprécie pas l’élitisme qui règne dans la littérature française. Il y a des plumes simples, des plumes bien plus ciselées, des intrigues complexes et d’autres qui le sont moins, de l’eau de rose et des histoires d’amour torturées, une foule de manières d’écrire qui ne rentrent dans aucune case. Je garde toujours à l’esprit que le livre qui ne me plaît pas peut plaire à quelqu’un d’autre. Parce que je le pense vraiment.

      Et tant qu’il y aura des lecteurs pour apprécier un texte, il y aura des gens pour l’écrire… et vice versa. Peut-on parler « d’écrivains », mystère, après tout qui peut décider si quelqu’un mérite ce nom ? Mais on peut parler de gens qui écrivent et c’est déjà bien ;)

    • L'âme au lyrisme

      Eh bien on ne peut pas ne pas être d’accord avec toi quand tu dis que tout le monde peut être écrivain. Quoi que, le fait de pouvoir se passer des maisons d’editions devient fatal pour la littérature dans la mesure où les textes sont souvent de mauvaise qualité, sans authenticité aucune (et pense à ces pauvres arbres qui sont décimés pour faire des chiffons pareils). Oui je le reconnais, tout le monde peut être écrivain mais tout le monde ne peut être un bon écrivain
      P.S: Tu as dis avoir déjà écrit étant plus jeune, où puis je lire tes textes?

    • Allée des Curiosités

      Je ne trouve pas que ça devienne « fatal pour la littérature ». Ça exige simplement de faire un peu plus de tri parmi la pléthore de livres disponibles. Par ailleurs, les très mauvais livres sont plus souvent publiés en ebook qu’en livre papier. Quoi qu’on en dise, ça coûte encore assez cher de faire imprimer un livre papier donc je ne pense pas que beaucoup de gens fassent ce choix.

      Mes textes ne sont pas disponibles en ligne.



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