The Dark Knight : Le Chevalier Noir – Résumé
A Gotham City, Batman perçoit le nouveau procureur Harvey Dent et le lieutenant James Gordon comme des alliés de poids pour lutter contre le crime et la corruption qui gangrènent la ville. Il espère secrètement que Dent impulsera suffisamment d’espoir à Gotham pour pouvoir renoncer à sa cape de Batman et mener une vie plus rangée aux côtés de Rachel Dawes.
Mais la réalité n’est pas si simple : Rachel est, pour l’heure, en couple avec Dent lui-même… et au-delà de cette rivalité amoureuse, Batman doit faire face à un nouvel ennemi, le Joker. Son comportement semble n’obéir à aucune logique. Ses règles ne sont semblables à nulle autre.
Et il s’est mis en tête de contraindre Batman à révéler sa véritable identité.
Réalisateur – Christopher Nolan.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★★★
The Dark Knight : Le Chevalier Noir – Critique
Dans le premier volet de la trilogie The Dark Knight, Christopher Nolan avait exploré la confrontation de Bruce Wayne (Christian Bale) avec son passé tragique d’orphelin, sa recherche de ses limites physiques et mentales.
Dans The Dark Knight : Le Chevalier Noir, il s’intéresse davantage au déchirement que représente pour lui sa double identité. Aux sacrifices qu’elle implique. Batman n’est pas dépeint comme un surhomme ou un superhéros… mais comme un homme qui s’est infligé la mission titanesque de lutter contre le crime dans une ville qui se définit par le crime.
Il en apprivoise tout doucement les contours : il perfectionne peu à peu ses équipements afin de pallier les difficultés qu’il rencontre sur le terrain, il essaie de panser lui-même ses blessures de la nuit, construit avec son majordome Alfred (Michael Caine) une complicité tissée de respect, n’échappe pas à quelques endormissements inopportuns en pleine journée (ce qui arrive quand on fait des nuits blanches !).
Mais surtout, il est confronté à une prise de conscience : en étant Bruce Wayne le jour et Batman la nuit, il ne lui reste guère de temps pour espérer construire une vie personnelle épanouie. Il est attiré par Rachel (interprétée par Maggie Gyllenhaal, Katie Holmes ayant refusé de reprendre le rôle car elle a privilégié un autre tournage), qui lui assure que l’attirance est réciproque.
Rachel connaît la dualité de Bruce Wayne… et parce qu’elle la connaît, elle sait qu’il ne sera pas pleinement disponible pour une relation tant qu’il sera Batman. « Bruce, ne fais pas de moi ton seul espoir d’une vie normale », lui glisse-t-elle avec bienveillance dans l’une des scènes du film.
Car Rachel s’est éloignée. Dépeinte comme une femme moderne (ça fait du bien !), elle n’est pas restée la femme passive qui ravale sa frustration en attendant que son super-héros de compagnon daigne lui accorder du temps. Rachel a envie de vivre, de sortir, d’aimer, d’être aimée… et elle n’a surtout pas envie d’attendre Bruce Wayne pour ça.
Alors elle sort avec Harvey Dent (Aaron Eckhart), le séduisant et honnête procureur de Gotham. Au même titre que Gordon (Gary Oldman), il apporte à la ville un souffle d’espoir, l’idée que – peut-être – la corruption n’a pas encore gagné toutes les couches de la société. Harvey Dent, qui est respecté, apprécié, devient ainsi un rival amoureux pour Bruce Wayne… et un alter ego pour Batman, sensible au même idéal de justice.
Ce déchirement affectif suscite en Bruce Wayne un vrai questionnement. La vie de playboy qu’il mène au vu et au su de tous fait les gros titres et lui donne un alibi de choix, le faisant passer pour un privilégié d’une légèreté aussi déroutante que dérangeante… mais elle ne reflète pas l’homme qu’il est. Et peut-on construire sa vie sur un mensonge ?
La double identité de Bruce Wayne représente une menace pour d’autres raisons : dans The Dark Knight : Le Chevalier Noir, certains connaissent le nom de l’homme qui se cache sous la cape de Batman. Soit parce qu’il les a mis dans la confidence (Alfred, Rachel), soit parce qu’ils l’ont deviné, à l’instar de Lucius Fox (Morgan Freeman), désormais PDG de Wayne Enterprises… ou d’un jeune comptable de l’entreprise, Coleman Reese (Joshua Harto).
Cela signifie pour Bruce Wayne qu’il y a plus de personnes désormais en mesure de lui donner un avis sur ses actes, de lui rappeler que sa grande intelligence se heurte parfois à des questions d’éthique (ce que Lucius Fox saura lui dire !). Il y a aussi plus de gens qui peuvent tenter de se servir de l’information pour le faire chanter.
Tous ces aspects constituent une toile de fond riche et passionnante qui illustre un scénario autrement plus mouvementé. A Gotham City, une mafia en supplante une autre. Carmine Falcone ayant été interné à l’asile d’Arkham, c’est Sol Maroni qui a repris le contrôle de ses trafics.
Et un nouvel entrant se mêle à la pègre. Il tue sans l’ombre d’un état d’âme. Il ne respecte aucune règle pré-établie, aucun « code » du monde dans lequel il met les pieds. Et surtout, il nous livre l’une des interprétations les plus exceptionnelles que j’aie vues. Heath Ledger ne joue pas le Joker. Il EST le Joker.
Il ne lui donne pas seulement de la folie. Il lui prête une grande intelligence, une aptitude à manipuler, à casser des schémas attendus pour dérouter et anéantir ses adversaires. Il rend le Joker d’autant plus dangereux que, cette fois-ci, Batman semble prendre conscience qu’il n’a aucun levier pour l’influencer hormis sa propre violence et sa propre force physique. Une réponse qui, subitement, paraît simpliste.
Le Joker sait d’ailleurs le lui rappeler avec brio, dans une confrontation aux dialogues exceptionnels, où le Joker réduit Batman à un interrogateur malhabile dont il tire les ficelles :
« Ne parle pas comme si tu étais l’un des leurs. Ce n’est pas le cas. Même si tu aimerais que ça le soit. Pour eux, tu es juste une bête curieuse, comme moi. Ils ont besoin de toi en ce moment… mais quand ce ne sera plus le cas, ils te chasseront comme un lépreux.
Tu vois, leur morale, leur « code », c’est une mauvaise blague qu’ils lâchent au premier pépin. Ils sont bons seulement lorsque le monde leur permet de l’être. Je te montrerai. Au premier coup dur, ces… ces personnes civilisées s’entre-dévoreront.
Tu vois, je ne suis pas un monstre. J’ai juste une longueur d’avance. […] Tu crois que tes règles te sauveront. […] Tu n’as rien, rien pour me menacer. Rien à tirer de toute ta force ».
L’intrigue du film sait, en particulier par le truchement du Joker, créer des tensions complexes et soulever de profonds questionnements éthiques : conserve-t-on, par exemple, sa droiture morale quand des êtres chers sont menacés et qu’il faudrait briser son propre code de conduite pour les sauver ?
« Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir devenir le méchant », commente Harvey Dent dans une scène du film… et dans The Dark Knight : Le Chevalier Noir, les héros ont ceci de particulier qu’ils ne sont pas blancs comme neige.
Sur le plan cinématographique, le film est de toute beauté. Tourné à Chicago, il montre un Gotham aussi lumineux et moderne de jour qu’il révèle sa face sombre la nuit. Pour la petite histoire, l’une des séquences finales du film a d’ailleurs été tournée dans la « Trump Tower » de Chicago encore en construction à l’époque.
On se laisse séduire par les effets spéciaux (mention spéciale pour les séquences de « vol » de Batman, son costume se déployant autour de lui), les costumes, les maquillages (celui, aux lignes brouillonnes et à l’histoire fascinante, du Joker, ou encore celui de Double-Face, glaçant de réalisme)…
La froideur que je reprochais au personnage d’Alfred (un personnage encore « jeune » dans sa construction) dans le premier volet de la trilogie a ici été gommée au profit d’une relation que je juge pour ma part plus intéressante. Il donne l’impression de trouver sa place, entre franc-parler et délicatesse quand la situation l’exige pour protéger au mieux Bruce Wayne.
Si je dois être parfaitement honnête, il y a quelque chose dans le Batman de Christian Bale auquel je n’adhère pas totalement, pas forcément dans l’interprétation mais plutôt dans l’écriture du personnage. Si son volet « Batman » est bien développé et profond, le volet « Bruce Wayne » reste un peu plat à mon goût. Il renvoie l’image d’un playboy capricieux et irrespectueux mais la formidable intelligence de Wayne est peu mise en avant.
C’est un équilibre difficile à trouver : je garde un attachement inexpliqué au Bruce Wayne de Michael Keaton… mais en étant honnête, il avait un côté intellectuel et socially awkward (mal à l’aise en société) qui ne correspondait pas aux « fondamentaux » du personnage originel de Bruce Wayne, censé justement se cacher derrière un côté playboy…
Christian Bale est ce Bruce Wayne playboy… mais du coup, je reste sur ma faim quant à la dimension intellectuelle, un peu trop gommée à mon goût. Alors j’arrête cette longue critique sur une question : peut-on être playboy et montrer son intelligence à la fois ? N’est-ce pas, en soi, une preuve d’intelligence suffisante que de s’inventer un rôle de playboy comme alibi ?
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