Batman Begins – Résumé
Avant qu’il y ait Batman, il y a eu un enfant blessé, Bruce Wayne, témoin de premier plan de la scène la plus horrible qui soit : l’assassinat de ses parents, au sortir d’un théâtre dont il avait voulu partir prématurément.
Rongé par la culpabilité, n’ayant pas dépassé la sourde colère qui gronde en lui, il se retrouve à la tête d’un empire financier dont il n’a que faire et préfère fuir Gotham, se glissant parmi les criminels pour essayer de comprendre un monde qui lui échappe, se formant aux arts martiaux dans une communauté secrète.
Jusqu’à ce jour où un événement le ramène à Gotham… C’est là qu’il va faire émerger, pour la première fois, son double nocturne, un justicier masqué inspiré de l’une de ses pires terreurs enfantines : la chauve-souris.
Réalisateur – Christopher Nolan.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★★☆
Batman Begins – Critique
J’avoue qu’il me faut toujours un peu de temps avant de me familiariser avec un « nouveau Batman ». Chaque acteur apporte sa vision du personnage et, avec elle, Batman change d’un film à l’autre : Michael Keaton lui donnait une dimension peut-être plus intellectuelle et sensuelle mais aussi un côté un peu « nerd », Val Kilmer était tout en virilité et puissance, George Clooney dans la légèreté et la séduction.
Christian Bale, le Batman des films de Christopher Nolan, lui donne ici une personnalité torturée, encore brute, pleine d’aspérités et de failles qu’il apprendra, plus tard, à apprivoiser. Alors au début, je ne l’ai pas trouvé particulièrement fascinant. Parce qu’il est dur, perturbé, hanté. Parce qu’il est dévoré par la haine au point de la laisser orienter sa vie.
C’est un homme qui ne laisse entrer personne dans son monde et dans sa douleur… et en tant que spectateur, on éprouve aussi cette fermeture qui nous éloigne du personnage.
Christopher Nolan nous plonge d’abord dans une autre ère, celle de l’insouciance. Où le jeune Bruce Wayne (Gus Lewis) mène une existence dorée dans le grand manoir de ses parents, choyé, aimé et protégé. Seule ombre au tableau : les malencontreux « épisodes de jeunesse » auxquels il n’échappe pas.
Comme ce jour où il tombe par accident dans un puits, se casse le bras et est terrorisé par un envol de chauves-souris réveillées par sa chute. La blessure est vite oubliée… jusqu’à cette soirée au théâtre avec ses parents, où la mise en scène de la pièce fait resurgir subitement le souvenir des chauve-souris.
Le petit Bruce est si mal à l’aise qu’il supplie ses parents de quitter le théâtre. Et survient le drame, le drame fondateur de l’histoire de Batman : ses parents sont assassinés sous ses yeux.
Bruce se retrouve orphelin, à la tête d’un empire financier qu’il n’est pas encore en âge de gérer, sous la responsabilité d’Alfred Pennyworth (Michael Caine), le majordome de la famille, qui se fait un devoir de l’élever par égard pour ses parents à qui il vouait le plus grand des respects.
Quand on retrouve Bruce Wayne, c’est un jeune adulte qui a grandi avec ce choc, cette culpabilité et cette colère qu’il n’a clairement pas surmontées. Et quand le meurtrier de ses parents est libéré pour bonne conduite, après avoir accepté de témoigner contre le grand mafieux Carmine Falcone (Tom Wilkinson), Wayne choisit la fuite, décevant au passage son amie d’enfance Rachel Dawes (Katie Holmes).
Il se jette à corps perdu dans le sport, s’entraînant au combat et s’immergeant parmi les criminels, comme s’il voulait comprendre leur monde, comprendre le geste inexplicable qui lui a volé son enfance. Jusqu’au jour où il fait la connaissance d’Henri Ducard (Liam Neeson), un homme qui va le pousser à affronter sa part d’ombre.
Dans Batman Begins, on assiste à la genèse de Batman tout en explorant une multitude de facettes de son univers :
- La puissance de l’entreprise familiale, Wayne Enterprises, dont certains employés joueront un rôle clé dans les premières innovations technologiques dont se dotera Batman, à l’instar de Lucius Fox (un rôle où Morgan Freeman exprime intelligence et bienveillance).
- Ses premiers contacts avec le Commissaire Gordon (Gary Oldman), l’un des rares hommes de Gotham City à ne pas céder à la corruption ambiante.
- L’asile d’Arkham, qui, au-delà de son environnement étouffant, est ici un véritable lieu de perdition où un psychologue véreux, le Dr Jonathan Crane (Cillian Murphy), mène des expériences sur les patients.
- La création de la Batcave sous le manoir Wayne, une vague ébauche de ce qu’elle deviendra plus tard. Et je ne vous parle pas de la « Batmobile » qui, dans cette version de l’histoire, ressemble plutôt à un tank personnalisé par Brandon, amateur de tuning le dimanche ^^ (bon, en légèrement plus impressionnant sur le plan technologique !).
- L’environnement de Gotham City – La ville est toujours aussi sombre et sordide que dans les films précédents. Elle a cependant perdu la dimension « poétique » qu’elle pouvait avoir dans les films de Tim Burton, qui en livrait une vision digne d’une peinture. Elle paraît plus réaliste, plus proche de nous.
On explore surtout, tout au long du film, la recherche d’identité de Bruce Wayne : il est amené à se confronter à sa colère, à sa culpabilité, il se cherche entre les injonctions d’Alfred qui l’incite à s’amuser (ne serait-ce que pour se créer une « couverture » qui empêche de voir en lui Batman) et le côté extrême avec lequel il se glisse dans un rôle de playboy qui ne lui correspond pas…
Il explore aussi sa solitude, déclarant sans ambages à Rachel qu’il « n’a pas le luxe d’avoir des amis ». Et Batman Begins, c’est bien sûr un stade où le personnage même de Batman a encore un statut ambigu à Gotham City. La police ignore si c’est une étoile montante de la criminalité (ce qu’il est permis de supposer, en particulier quand il se lance dans une course-poursuite sublime et haletante qui provoque quelques accidents au sein de la police !)… ou si c’est un justicier indépendant dont ils peuvent se faire un allié.
S’il m’a fallu du temps pour apprivoiser l’interprétation de Christian Bale, à laquelle je n’ai pas adhéré tout de suite, j’ai trouvé une réelle profondeur à son personnage. De même, le jeu de Cillian Murphy m’a convaincue, il y a dans son interprétation quelque chose d’hypnotique.
D’autres éléments du film m’ont moins convaincue : j’ai trouvé le Bruce Wayne enfant de Gus Lewis un peu faible, son interprétation manquait d’authenticité à mon goût.
J’ai aussi peu accroché – dans ce film – avec le Alfred de Michael Caine : Michael Gough, qui jouait Alfred dans les films précédents, avait, je trouve, une sorte de « bonhomie » naturelle, une bienveillance infinie, alliance de discrétion et d’affection pudique envers Bruce Wayne.
Ici, Michael Caine nous montre un Alfred un brin plus froid, un brin plus moralisateur. Il se montre souvent assez dur avec Bruce Wayne, comme lorsqu’il le tance vertement sur son comportement après sa première grande « intervention » sous l’identité de Batman :
Alfred – Quand vous m’avez parlé de votre grand projet de sauver Gotham, la seule chose qui m’ait empêché d’appeler les hommes en blanc est le fait que vous ayez précisé ne pas rechercher le grand frisson.
Bruce – C’est le cas.
Alfred – Et comment qualifieriez-vous ça ? (désignant les images qui défilent à la télévision d’une folle course-poursuite entre Batman et la police)
Bruce – De très bon moment de télévision.
Alfred – C’est un miracle que personne n’ait été tué !
Bruce – Alfred, je n’avais pas le temps de suivre les règles du code de la route !
Alfred – Vous êtes en train de vous perdre dans ce monstre qui est le vôtre.
Bruce – Je me sers de ce ‘monstre’ pour aider d’autres personnes, comme le faisait mon père.
Alfred – Pour Thomas Wayne, aider les autres ne consistait pas à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, y compris à lui-même.
Ce choix scénaristique, de montrer Alfred sous un angle beaucoup moins passif et beaucoup plus critique, reste très intéressant car il permet aussi de souligner que le personnage a évolué par rapport à la vision que l’on a eue de lui jusqu’à maintenant, à un stade beaucoup plus avancé de la vie de Batman.
Ça montre qu’à son échelle aussi, Alfred a fait du chemin : dans Batman Begins, il reste très attaché à Thomas Wayne, tenant plus que tout à ce que Bruce protège sa réputation et son nom « parce que c’est tout ce qu’il reste de lui ». Il est donc très ferme avec son fils, à ce stade de sa vie où il a l’impression que Bruce prend une voie glissante et surtout, qu’il la prend pour de mauvaises raisons.
Alors je ne peux reprocher à Michael Caine de nous livrer – avec brio – un Alfred plus jeune, qui est encore plein de méfiance à l’égard de Bruce Wayne – et à juste titre, dirais-je ! Les films suivants de la trilogie m’ont d’ailleurs donné une autre vision de ce personnage.
Je vous laisserai sur une citation de Ducard, lors de sa première rencontre avec Bruce Wayne qui le qualifie de « justicier » avec un ton un brin ironique.
« Non, non. Un justicier est juste un homme perdu dans une ruée vers sa propre satisfaction. Il peut être détruit ou emprisonné. Mais si vous devenez plus qu’un homme, si vous vous consacrez à un idéal et si l’on ne peut pas vous arrêter… alors vous devenez tout autre chose. […] Une légende, M. Wayne ».
Les commentaires du blog sont actuellement fermés.